C’est surtout au bouddhisme qu’on a pris l’habitude de comparer les doctrines pessimistes qui sont écloses en Europe, et particulièrement en Allemagne, en ces derniers temps. Ces doctrines, à la systématisation philosophique desquelles Schopenhauer, et, plus récemment, M. Hartmann dans sa Théorie de l’inconscient ont attaché leur nom, portent sur un ensemble d’idées dont la seule analyse m’entraînerait fort loin ; qu’il me suffise de les résumer très brièvement en disant qu’elles consistent à déduire de la balance du bien et du mal auxquels l’humanité est fatalement exposée ici-bas, la conséquence que le néant vaut mieux pour elle que l’existence, et que l’homme devrait, en bonne logique, consacrer ses efforts à s’affranchir de la condition misérable dont il devient la victime en arrivant à l’être et à la conscience. Pour les moyens d’atteindre ce but et l’exposé plus développé du système, je renvoie au livre que M. Caro, de l’Académie française, a publié dernièrement sur cet intéressant sujet.
Mais je voudrais indiquer avec un peu plus de détails certaines analogies qui rapprochent aussi du pessimisme occidental et contemporain, les théories