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ET OUVERTURE DU FLEUVE ROUGE AU COMMERCE

17 novembre. — Ne pouvant découvrir le passage du fleuve Rouge, nous nous décidons le soir à retourner auprès du Buurayne. Au cap Dao-son, un chrétien de la mission espagnole d’Haï-dzuong, qui nous attend sur la colline, me remet une lettre du commandant Senez. Le commandant venait d’apprendre mon arrivée et me prévenait qu’il allait rentrer à bord, où il m’invitait à l’aller rejoindre pour m’entendre avec lui. Il ajoutait qu’il pourrait peut-être me donner des indications pour rejoindre le fleuve Rouge par l’intérieur.

18 novembre. — Ce matin, nous quittons le cap Dao-son pour entrer dans le Gua-cam et venir mouiller auprès du Bouraynek Haï-phong. Le commandant Senez est à bord depuis une heure à peine. Je passe la journée à conférer avec lui ; dans l’intervalle, il envoie chercher le commissaire royal Ly, à Quang-yen, par ma chaloupe le Son-tay.

19 novembre. Vers 9 heures du matin, le Son-tay est de retour, remorquant deux jonques portant le commissaire Ly, gouverneur des trois provinces maritimes, et son personnel. Le Bourayne est aménagé de manière à éblouir notre hôte. Bientôt nous assistons à un branle-bas de combat, tout Haï-phong tremble sous les formidables détonations du Bourayne, les vergues sont cou vertes de matelots qui font des décharges à tout rompre. On nous sert ensuite un magnifique festin.

Le reste de la journée se passe à conférer sur l’objet de ma mission. Mon secrétaire, Ly-Ta Lâo-Yé, s’entretient avec le commissaire Ly en traçant sur le papier ce qu’il a à lui dire ; la réponse se fait de même. Toutes mes pièces pour la cour de Hué sont communiquées et des copies en sont prises.

Le commissaire Ly, qui a mission de garder l’entrée du fleuve Rouge, ne se dissimule pas toute la gravité de sa situation. La cour de Hué ne manquera pas de faire peser sur lui toutes les responsabilités. Il tente à me détourner de mon entreprise ; le fleuve n’est pas navigable, me dit-il, et puis les rebelles vous massacreront dans le haut du fleuve. Le pauvre commissaire paraît fort surpris lorsque je lui réponds que je suis descendu en 1871, jusqu’aux avant-postes annamites et que je lui donne sur la navigabilité de fleuve et sur les rebelles, les détails les plus circonstanciés.

D’un autre côté, le commandant Seoez s’entremet officieusement en ma faveur ; par l’organe de Mgr Gauthier, évêque du Tong-kin méridional,