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ET OUVERTURE DU FLEUVE ROUGE AU COMMERCE

d’arrondissement, n’est en somme qu’un camp retranché où demeurent les mandarins et leurs soldats. Celle-ci n’a qu’un fossé de 2 à 3 mètres de largeur et peu profond pour défendre l’approche de ses murs en terre.

A quelques centaines de mètres de la rive, nous apercevons dans la plaine de nombreux pavillons. Sous prétexte d’exercice, ils sont là peut-être cinq à six cents hommes qui se livrent aux gambades les plus fantastiques en poussant des cris et agitant leurs lances et leurs pavillons. J’apprends que c’est la milice du département qui a été convoquée pour venir nous combattre. Nous continuons notre route sans nous arrêter. Ces malheureux paysans, improvisés en guerriers pour la circonstance, devaient avoir joliment peur.

A 1 heure 15, nous trouvons une autre crique du nom de Tuanh-bach qui va rejoindre le petit canal venant de Haï-dzuong dont il a été parlé plus haut. A 2 heure 1/2 nous passons une petite île située au milieu de la rivière, non loin de laquelle nous apercevons un grand nombre de pêcheurs chrétiens qui sont si heureux de voir notre chaloupe marcher toute seule, qu’ils sautent de joie dans leur sampans, comme des cabris. Nous mouillons à 6 heure 15 du soir, contents de notre navigation jusqu’ici ; la rivière n’étant pas large, il n’y a pas de bancs de sable dans le chenal et à marée basse nous avons plus de 1 brasse 1/2 d’eau.

13 décembre. — A 6 heures 20 du matin, nous passons devant la crique qui conduit à Nam-dinh. Là nous ne trouvons qu’une brasse un quart d’eau, la marée ne marne ici que d’un mètre au plus. Enfin nous atteignons une petite île, au-dessus de laquelle il y a peu d’eau, et à 9 heures du matin nous entrons dans le fleuve Rouge.

Nous nous trouvons en présence de toute une flottille de barques montées en guerre, et, bien entendu, couvertes de pavillons. Le mandarin du grade de général qui commande à tous ces valeureux guerriers, fait sonner du cor à tout rompre et aussitôt les pavillons de s’agiter frénétiquement connue pour nous épouvanter. Quelques coups de feu partent, mais pour nous intimider seulement, on se serait bien gardé de nous atteindre ! Nous traversons le fleuve aux deux tiers et nous revenons droit à ces braillards, à toute vapeur ; ils poussent encore de plus grands cris, mais cette fois-ci d’un air suppliant. Nous stoppons tout près d’eux et je leur ordonne de baisser immédiatement tous ces