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LES RACES CONNUES DES ÉGYPTIENS

teurs sur elle, et quand une suite de ce mouvement ramena vers le Nil les Routen, puis les peuples de l’Asie Mineure, puis les habitants de la Méditerranée, l’Egypte ne put ignorer alors ce qu’étaient tous ces Archers, qu’elle attirait comme Rome attira les Barbares : si elle l’ut vaincue par eux, elle les battit à son tour, et c’est grâce à leurs défaites qu’elle nous a conservé leurs noms, leurs figures et leurs costumes, leur physionomie enfin, avec une précision et une authenticité incontestables. Le Sémite d’Asie, le blanc d’Europe et le nègre d’Afrique, ressuscites pour nous sur les murs des temples et des hypogées thébains, diffèrent peu de leurs descendants qui foulent aujourd’hui le même sol qu’eux. Les grandes cités de l’Asie, énumérées dans les récits de conquêtes, sont bien aussi celles qui existent encore ou que l’antiquité classique a connues : leurs noms subsistaient dans la réalité ou dans le souvenir, quand on les a déchiffrés dans des hiéroglyphes antérieurs à Moïse. Les peuples durent moins que les villes ; mais leur persistance, plus grande qu’il n’eût semblé avant la découverte de Champollion, est démontrée par les textes, qui reculent l’existence de certaines nations indo-européennes jusqu’à une date qu’on ne soupçonnait même pas.

Et ce n’est point seulement l’ancienneté des types, des villes et des peuples, qui ressort pour nous des monuments pharaoniques : c’est encore l’ancienneté de la civilisation elle-même.

Si l’on rencontre quelques vestiges de la fusion des deux grandes provinces de la Thébaïde et du Delta, sous les premières dynasties, ou quelques traces d’emprunt à l’Egypte chez les Pasteurs, ce genre d’indices est loin d’attester l’enfance des industries et des arts : sauf pour l’écriture, l’Egypte ne nous en montre l’origine ni chez elle ni chez ses voisins. Elle et eux nous apparaissent munis, dès le début, de toutes les ressources dont l’homme a disposé jusqu’aux grandes découvertes modernes : 1a domestication des espèces animales, la culture des espèces végétales, le travail des métaux, la connaissance des outils, la confection des ustensiles, le tissage des étoffes, l’usage des armes et la construction des demeures, rien de tout cela ne manquait à l’Egypte ou à son entourage de Sémites, de nègres et d’Européens. En outre, partout où les documents sont assez explicites pour jeter quelque jour sur la vie intime ou collective des différents peuples, on voit ceux-ci en possession de certains arts raffinés, comme l’orfèvrerie, qui suppose l’élégance, et la musique, qui suppose la