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Page:Annales du Musée Guimet, tome 13.djvu/176

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TROISIÈME PARTIE.

DISCUSSION PHILOSOPHIQUE ET MORALE.

Voilà donc le vaste poème analysé la plume à la main et cela, je le rappelle, dans le but de montrer l’excellence de la maxime socratique : « Parle pour que je te voie. » Il est certain que, pour bien connaître le caractère et aussi les sentiments généralement fort complexes auxquels obéissent les hommes, il faut non seulement produire les personnages d’un poème dans l’exercice de leurs fonctions, mais, de plus, les entendre parler. L’homme se reflète dans ses actions, mais souvent plus encore dans ce qu’il dit. Pour le connaître tout entier, il faudrait aller au-delà et l’écouter penser, ce qui est impossible même aux plus fins connaisseurs. Sans doute, il leur arrive parfois de deviner juste, et alors les flatteurs s’extasient sur leur esprit pénétrant, leur imputant à science ce qui n’est qu’un reflet de leur nature.

Quoi qu’il en soit, nous tenons maintenant suffisamment bien les acteurs du drame que déroule le Râmâyana pour assembler dans cette troisième partie de notre mémoire, mieux et plus complètement que nous l’avons fait dans la 1e partie, tout ce qui dans leurs faits et gestes se rapporte à quelque doctrine philosophique ou morale[1]. Ces doctrines diffèrent certainement fort entre elles au point de vue technique ou scolastique, mais au point de vue essentiel pour l’Indien on ne risque rien d’affirmer a priori, qu’elles sont d’un caractère foncièrement religieux, sous quelque forme qu’elles puissent d’ailleurs se présenter. Quoi que fasse l’Indien, qu’il mange, qu’il boive, qu’il s’habille, qu’il s’assoie, qu’il se couche, qu’il se lève, qu’il pourvoie à n’importe quel besoin, c’est toujours conforme aux dispositions d’une loi religieuse,

  1. Pour éviter des répétitions fastidieuses, je renvoie soigneusement aux pages de l’analyse chaque fois que cela me paraît utile.