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avadâna-çataka I, 4, (4)

Rapprochements et remarques

I. Le douzième récit du Ratna-avadâna-mâlâ (Sârthavâha fos 101-117) est une amplification en vers, très développée, surtout dans certaines parties, de ce récit. En voici l’analyse :

Longue description du Buddha résidant à Çrâvasti. — Premier voyage et premier naufrage du négociant, racontés très longuement. — Ses lamentations et ses réflexions à son retour. — Deuxième voyage, deuxième naufrage, au moment de toucher le bord. — Deuxièmes lamentations à son retour ; ses parents relèvent son courage en lui représentant la constance des héros de l’Inde, Râma, Yudhiṣṭhira, et en énumérant toutes les infortunes des petits et des grands, entre autres de la lune qui se divise, qui s’éteint, qui est assaillie par Râhu, d’Arjuna tué par son fils, de la mère de Paraçu-Râma, tuée aussi par son fils, de Bimbisâra tué par son fils Ajâtaçatru, de Dharmapâla, le prince royal, égorgé par l’ordre de Brahmadatta et dont sa mère Durmati a bu le sang, du Muni Xantivâdi tué par un roi, de Prasenajit détrôné par son fils, et de bien d’autres noms illustres, etc. (il y a plus de trois feuillets sur cette riche matière) ; le discours finit par le conseil d’invoquer le secours de Brahmâ. — Troisième voyage, troisième naufrage (racontés plus brièvement). — Troisièmes lamentations du négociant, remonté par sa femme qui l’engage à invoquer le Buddha : docilité du mari qui se déclare adhérent du Buddha. — Quatrième voyage longuement raconté, poussé jusqu’aux profondeurs du monde des îles (Dvipalokântarâni), et retour heureux. — Tristesse du marchand qui craint, s’il donne au Buddha la moitié de ses biens, que le roi ne mette la main dessus. — Par le conseil de sa femme, il offre au Buddha des parfums, tandis qu’il remet les joyaux à sa femme. Premier prodige de la fumée de l’encens : invitation au Buddha et repas chez le négociant (très détaillé). — Offre des pierreries, et prodiges dont elles sont l’objet. — Vœu du négociant. Rire et prédiction du Buddha.

II. Le prodige des pierreries est le même que celui-ci qu’on a vu dans le Yaçouiati (2) il est raconté dans les mêmes termes.

III. Il y a dans ce récit deux difficultés. la première est relative au subterfuge par lequel le marchand enrichi essaie de garder ses joyaux. 11 imagine de les vendre à sa femme pour un prix dérisoire (c’est véritablement une vente fictive), et d’offrir à Bhagavat un encens acheté avec le produit de cette vente et qui est censé représenter la valeur des joyaux. Le texte dit qu’il agit ainsi par cupidité. Le Ratna-avadâna-mâla présente une version différente : il attribue au marchand la crainte que le roi, informé du don qu’il aurait fait, ne se l’approprie ; c’est la cupidité du roi qui est ici mise en cause, sincèrement ou non ? On ne le dit pas. Cette action supposée du roi réclame des explications que nous ne donnerons pas parce qu’elles ne reposeraient que sur des conjectures.

La seconde difficulté tient au prodige de puissance surnaturelle exécuté par Bhagavat. Le texte n’est pas d’une clarté parfaite : on peut douter si c’est Bhagavat ou seulement la fumée qui s’élève dans l’air : nous croyons bien que le sens véritable est celui que donne notre traduction.