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avadâna-çataka I, 5, (5)

il avait fait de coton une frange d’habit, et se tenait sur le marché. Cependant Bhagavat, s’étant levé de bon matin, ayant revêtu son manteau de religion et pris son vase à aumônes, entra dans Çrâvastî pour mendier. Le (tisserand) vit donc le bienheureux Buddha, orné des trente-deux signes (10)… Description physique du Buddha…

À cette vue son esprit éprouva une joie intense à cause de Bhagavat ; et Bhagavat, pour lui faire du bien, lui montra son manteau de religion tout usé. Lui donc offrit la frange à Bhagavat, et Bhagavat lui fit voir aussitôt son manteau recousu (c’est-à-dire bordé). La joie qui naquit alors en lui fut immense, et, adorant les pieds de Bhagavat, il fit un vœu (21)… Vœu pour la Bodhi…

Bhagavat lui dit :

 Toi, dans les derniers temps, pourvu de la grande puissance du calme, d’une grande gloire et renommée, offrande des dieux et des hommes, d’une existence indépendante, d’une grande affection pour le bien du monde, tu deviendras le Jina appelé Daçottama (excellent par les franges).

Ensuite Bhagavat, connaissant, à l’égard du tisserand Soma, la succession des causes et la succession des actes, fit un sourire. Or, c’est la règle, quand les Buddhas rient (19)… Rire des Buddhas ; Prédiction de la Bodhi.

Ânanda, ce tisserand Soma, après trois Asankhyeya-Kalpas, deviendra, sous le nom de Daçottama, un parfait et accompli Buddha…

Ainsi parla Bhagavat… (2).


Rapprochements et remarques

I. Ce texte étant traduit du tibétain, on a compris que le nom sanskrit Daçottama est un mot de ma façon, par lequel je traduis le tibétain ts’ar-ts’ar bla-ma. Ts’ar-ts’ar veut dire « une frange », daçâ a le même sens en sanskrit : bla-ma rend Uttama dans Padmottama (6) ; mais il est connu pour rendre aussi le sanskrit guru, (précepteur). On pourrait donc penser à Daçâguru (précepteur aux franges), mais Daçottama me paraît préférable.

II. Le Sûkarika-avadâna, dont le commencement a été intercalé si mal à propos dans notre recueil, est connu. Le texte sanskrit s’en trouve dans le Divya-avadâna (Édit. Cowell, p. 193-6), la version tibétaine isolée forme le troisième texte du volume XXIXe du Mdo. Ce serait le cas d’en donner ici une traduction française : mais cela est déjà fait, et nous prenons la liberté de renvoyer le lecteur au tome V des Annales du Musée Guimet (p. 292-5).