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III
PRÉFACE

la sagesse, est une espèce de somme philosophique où se trouve contenue la partie spéculative la plus élevée du Bouddhisme. Le Langkâvatâra, et plus exactement le Saddharmalangkâvatâra, ou l’Instruction de la bonne Loi donnée à l’île de Langka ou Ceylan, est un traité du même genre, avec une tendance plus marquée vers la polémique. Le Saddharmapuṇḍarika, ou le Lotus blanc de la bonne Loi, outre les paraboles qu’il renferme, traite un point de doctrine fort important, celui de l’unité fondamentale des trois moyens qu’emploie un Bouddha pour sauver l’homme des conditions de l’existence actuelle. Enfin, le Lalitavistara[1], ou le Développement des jeux, est l’histoire divine et humaine du dernier Bouddha, Çâkya-Mouni. Mais les numéros 2, 3 et 4, où les sujets philosophiques n’occupent peut-être pas autant de place, ont à mes yeux bien moins de mérite, les répétitions, les énumérations interminables et les divisions scolastiques y dominent à peu près exclusivement. Quant aux numéros 7 et 9, le Tathâgataghuyaka et le Suvarnaprabhâsa, ce sont des Tantras[2] d’une assez médiocre valeur. Mais ce serait sans doute perdre sa peine que de rechercher les motifs d’une

  1. En parlant de la date du Lalitavistara, t. I, Introd., p. x, un document de plus en faveur de son antiquité ne m’était pas revenu à la mémoire. Voici ce document emprunté à L’Histoire du Buddhisme indien, de E. Burnouf, p. 558 : « Le seul renseignement que je trouve dans le Pantcha krama (ouvrage attribué à Nâgârdjuna qui vivait 400 ans environ avant notre ère), c’est une citation du Lalitavistara avec son titre de Mahâyanasûtra. »
  2. « Les Tantras sont des traités d’un caractère tout spécial, où le culte des dieux et des déesses bizarres ou terribles s’allie au système monothéistique et aux autres développements du Bouddhisme septentrional, c’est-à-dire à la théorie d’un Bouddha suprême et à celle des Bouddhas et Bodhisattvas surhumains. Tous ces personnages sont dans les Tantras l’objet d’un culte dont ces livres tracent minutieusement les règles ; et plusieurs de ces traités ne sont que des recueils d’instructions faites pour diriger les dévots dans l’art de tracer et de disposer les cercles et les autres figures magiques destinés à recevoir les images de ces divinités. Les offrandes et les sacrifices qu’on leur adresse pour se les rendre favorables, ainsi que les prières et les hymnes qu’on chante en leur honneur, occupent également dans ces livres une place considérable. Enfin ils renferment tous des formules magiques ou Dhâranis, véritables charmes que l’on suppose avoir été composés par ces divinités mêmes, qui en portent ordinairement le nom, et qui ont la vertu de sauver des plus grands périls celui qui est assez heureux pour les posséder et les répéter. » Introd. à l’Histoire du Bouddhisme, p. 522.