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ANNALES DU MUSEE GUIMET

ou des feuilles de palmier. Curtius cite l’écorce d’arbre comme la matière employée à recevoir l’écriture dans l’Inde[1] ; et dans les sûtras buddhiques, tels que le Karanda-vyûha (p. 69), nous lisons les noms de bhûrga, bouleau, mâsi, encre et karama (kalam) comme les matériaux communément recherchés pour écrire. Les manuscrits écrits sur cette matière sont depuis longtemps connus en Europe, comme curiosités principalement (j’ai écrit quelques notices, il y a plusieurs années, sur un de ces manuscrits conservé dans la bibliothèque d’All Soul’s College). Depuis peu cependant[2] ils ont attiré une attention sérieuse, surtout depuis que le Dr Bühler a découvert à Kashmir de vieux manuscrits contenant des recensions indépendantes de textes védiques écrits sur des écorces de bouleau. On m’en a envoyé un renfermant tout le texte de la Rig-Véda Samhitâ avec accents[3], et bien qu’il ait beaucoup souffert, surtout sur les marges, il prouve qu’il n’était pas difficile de faire avec l’écorce du bouleau des milliers de pages du plus grand format in-4o et même in-folio, parfaitement unies et pures, à l’exception des petites lignes sombres particulières à l’écorce de cet arbre.

Au temps de Hiouen-Thsang, au septième siècle, les feuilles de palmier étaient, à ce qu’il semble, la principale matière employée pour l’écriture. Il cite une forêt de palmiers (Borassus flabelliformis) près de Konkannapura (côte occidentale du Dekhan) fort estimée parce qu’elle fournissait les matériaux de l’écriture (Vol. I, p. 502, et vol. III, p. 148). Plus tard également, en 965, les livres nous parlent de prêtres buddhistes rentrant en Chine avec des exemplaires sanscrits de livres buddhiques écrits sur des feuilles de palmier (peito)[4]. Si nous en croyons Hiouen-Thsang, l’usage de la feuille de palmier remonterait aussi loin que le premier concile buddhique[5], car il dit que Kasyapa écrivit à cette époque les Pitakas sur des feuilles de palmier (tâla) et les répandit dans l’Inde entière. Dans les Gâtakas palis, panna est employé dans le sens de lettre, mais dans le principe parna signifiait une aile, puis une feuille d’arbre, puis une feuille pour écrire. Patta également, qui s’emploie dans le sens de feuillet, était primitivement pattra, une aile, une

  1. M. Max Müller, History of ancient sanskrit literature, p. 516.
  2. Burnell, South Indian Palæography, 2e édition, p. 84 et suiv.
  3. Voir Sacred Books of the East, vol. I., Upanishads, Introduction, p. 78.
  4. Beal’s Travels of buddhist Pilgrims, Introduc., p. 46.
  5. Pèlerins bouddhistes, vol. I., p. 158.