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ANNALES DU MUSEE GUIMET

Des deux textes sanscrits, l’un du Népal, l’autre du Japon, c’est le second qui certainement paraît le plus ancien. Mais même le texte le plus complet doit avoir existé à une époque très ancienne, en supposant qu’il ait été traduit dans le courant du second siècle ou, en tout cas, avant 220 (av. J.-C.).

L’authenticité du texte le plus court est affirmée pour la première fois par la traduction de Kumaragîva, environ 400 av. J.-C. ; mais si les idées généralement adoptées au sujet de la situation respective des Sûtras les plus longs et les plus courts sont exactes, nous pouvons en toute sécurité attribuer comme date à notre Sûtra, le courant du iie siècle de notre ère.

Le Japon nous a donc envoyé un texte sanscrit dont nous n’avions aucune trace jusqu’à ce moment, qui a dû sortir de l’Inde avant l’an 400 (av. J.-C.), probablement avant 200 (av. J.-C.), et qui nous donne l’original de cette description du Paradis d’Amitâbha que nous ne connaissions primitivement que par une traduction chinoise incomplète et incorrecte.

Le livre que j’ai reçu a été publié, pour la première fois, au Japon en 1773, par Ziomô, prêtre buddhiste. Le texte sanscrit est intelligible, mais plein de fautes qui montrent clairement que l’éditeur ne connaissait pas le sanscrit et copiait simplement ce qu’il avait devant lui. Les mêmes mots se présentant dans la même ligne sont écrits de manières différentes et la translittération japonaise reproduit toutes les erreurs de la transcription sanscrite.

Deux autres éditions du même texte ont été publiées en 1794, par un autre prêtre japonais du nom de Hô-Gô. Elles sont entre les mains de M. Banyiu Nanjio et nous ont aidé à corriger le texte. Une de ces deux éditions renfermé le texte et trois traductions chinoises ; l’une qui n’est purement qu’une version littérale, tandis que les deux autres ont un caractère plus littéraire et sont attribuées à Kumaragîva (av. J.-C. 400) et à Hiouen-Thsang (av. J.-C. 648).

Enfin dans un autre livre en quatre volumes, le même Hô-Gô essaye de faire une analyse grammaticale du texte. Elle est très imparfaite, à ce que me dit M. Banjiu Nanjio.

J’ai apporté aujourd’hui le texte sanscrit du Japon, rétabli avec soin, et une traduction littérale en anglais, à laquelle j’ai ajouté quelques notes.