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LA RELIGION EN CHINE

de leurs mérites. » Il avouait cependant que de nos jours il n’y a plus d’homme assez vertueux pour gagner ainsi l’immortalité.

Le missionnaire lui rappela que si réellement il désirait que les hommes devinssent vertueux il y avait pour cela de meilleurs moyens que le service d’un temple de cette nature. Les idoles avec leurs ornements brillants, les lanternes suspendues, les cierges brûlants, la fumée du bois de santal, et les appareils de divination ne sont pas faits pour développer la vertu dans la communauté ; tout cela est l’œuvre de l’homme ; il n’y a rien de divin dans toutes ces choses. « Telles sont nos coutumes, » remarqua le villageois ; « les coutumes changent selon les lieux. » Le prêtre paraissait un peu piqué, il observa : « Si vous tombiez dans une rivière, Jésus vous sauverait, je suppose ? Il viendrait vous tirer de l’eau. Vous adorez Jésus et vous faites bien ; mais il n’a rien à voir en Chine ; ce n’est pas le dieu de notre pays et il ne nous servirait de rien de le prier. » Evidemment aucun de ces deux hommes n’était préparé à croire que Jésus est le vrai Dieu et qu’en lui est la vie éternelle.

Cet incident fait voir comment le système taouiste opère parmi les Chinois. Il s’adresse aux instincts les plus bas de leur nature ; il invente des divinités qui président au bien-être matériel du peuple, les dieux des richesses, de la longévité, de la guerre et ceux de certaines maladies appartiennent tous à cette religion. Un tel système ne peut manquer d’être populaire parmi tous ceux dont la nature spirituelle n’a pas été fortifiée par l’activité, et en Chine leur nombre est écrasant ; leurs appétits sont grossiers et le taouisme leur a servi la pâture qui leur convient.

Nous avons déjà établi qu’il y a deux raisons de l’existence parallèle de trois religions nationales eu Chine. La première de ces raisons est que le peuple de ce pays, enclin à la superstition, néglige de rechercher les preuves ; il n’a point de preuves écrites du genre de celles du christianisme, et ses notions ne sont basées ni sur la logique ni sur la science.

La seconde consiste en ce que ces religions s’adressent chacune à des parties différentes de la nature humaine.

Nous en ajouterons encore une troisième. Ces trois systèmes sont tous également soutenus par l’autorité des écrivains. Confucius faisait profession de suivre les traces des anciens sages du pays, et le proverbe favori des Chinois est : Kin puh joo koo, » les modernes ne peuvent se comparer aux