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Page:Annales du Musée Guimet, tome 4.djvu/156

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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

Pour conserver sou souvenir et montrer leur reconnaissance pour les poésies où il célébra leur genre de vie et leurs doctrines, il lui ont consacré le long des routes plusieurs sources où, dit-on, il s’est arrête dans un voyage. J’en ai vu quelques-unes dans la province de Chekeang ; les prêtres de l’endroit les indiquaient comme Se-yen-tseuen, « la source où le poète a lavé son encrier. »

Un autre poète, à peu près de la même époque, Taou-han, a raconté une visite à l’un des plus fameux monastères de la Chine, celui de Teeu-chuh-szé, à Hangchow. Cet antique monument présente, dans sa forme moderne, les proportions les plus grandioses. Il tire son nom de celui de l’Inde, que les Chinois nommaient Teen-chuh, lorsqu’ils commencèrent à la connaître (ou du moins à l’époque où leurs livres en parlèrent pour la première fois), à peu près au temps du Christ. Quand je le visitai, il y a environ vingt ans, il renfermait à peu près sept cents prêtres desservants. Il est situé dans un vallon, à trois milles, de la ville. Une longue route pavée y conduit ; elle est bordée d’arbrisseaux, et ornée de nombreux monuments funéraires, tombes ou édifices appelés pailow, composés de dalles verticales et horizontales de granit gravées d’inscriptions rappelant les noms et les vertus de personnes illustres. Le poète dépeint l’aspect du monastère au moment où il y arrive dans la soirée. Après avoir cheminé quelque temps sur le sentier ombragé par un épais couvert de cyprès et de pins, il se trouve en face du temple. Il décrit la porte majestueuse par laquelle le visiteur pénètre dans la grande cour après avoir dépassé les gigantesques divinités gardiennes qui se dressent comme des sentinelles à la porte du Bouddha. Il dépeint la grande salle où l’on voit Shakyamouni Bouddha assis sur un immense lotus ; de chaque côté et derrière cette salle s’étendait un dédale de cloîtres, de salles latérales, de chambres à coucher et d’appartements destinés aux moines suivant leur rang. Il y passe la nuit et signale le contraste entre les bois silencieux du dehors et les salles du monastère résonnant, par moment, du chant des prières et du son des cloches. De sa fenêtre il voit la lune qui miroite sur le lac et le murmure des ruisseaux frappe son oreille. L’aspect tout spécial de son logement d’un jour le fait songer au pays des Brahmanes. Il dit alors comment il tomba dans une agréable rêverie où, délivré des soucis qui l’obsédaient, son esprit se sentait libre d’errer dans les régions de l’abstraction.