Page:Annales du Musée Guimet, tome 4.djvu/71

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de l’autre ne nous surprendront pas, quand nous aurons reconnu, par une foule d’exemples, combien l’apologue est de sa nature chose commune et sporadique.

L’Inde purement brahmanique a donc connu, et sans doute même trouvé pour son propre compte, la littérature que nous pouvons appeler mythique en nous rapportant au sens étymologique de l’épithète. Mais c’est surtout avec le bouddhisme que cette littérature prit un développement considérable et indépendant des autres genres. Telle est l’opinion de M. Benfey, le savant professeur de sanskrit de l’Université de Goettingue[1], qui a traduit le Pantcha-tantra et qui a fait précéder ce travail d’une précieuse introduction à laquelle nous ferons de fréquents emprunts. Nous aurons plus tard, du reste, l’occasion d’exposer les raisons sur lesquelles se fonde à cet égard l’éminent orientaliste. Pour l’instant, nous examinerons le Pantcha-tantra en soi, et nous indiquerons rapidement ses conditions d’origine et d’expansion, et les vicissitudes diverses qu’il a subies, tant dans l’Inde même et sous sa forme sanskrite que dans les traductions et les imitations nombreuses dont il a été l’objet en différents lieux.

Comme pour la plupart des ouvrages de l’ancienne littérature sanskrite, on ne connaît ni la date précise, ni l’auteur certain du Pantcha-tantra. On ne saurait guère, en effet, considérer comme une donnée sérieuse celle qui nous est fournie par l’introduction même de ce livre et qui l’attribue à un brahmane appelé Vishnou-Charman. En tout cas, et à supposer qu’il s’agit d’un personnage réel, nous ne possédons pas d’autres renseignements sur Vishnou-Charman et nous ignorons à quelle époque il vivait. Pour déterminer l’âge approximatif où le Pantcha-tantra a été rédigé, ou du moins celui où la suite de récits qui le composent a été recueillie, nous sommes donc obligés d’avoir recours à des indications extrinsèques qui, heureusement, ne nous font pas tout à fait défaut et à l’aide desquelles nous pouvons au moins lui assigner une date maxima et une date minima.

Pour la première, nous serons guidés par ce fait que la plupart des fables proprement dites, c’est-à-dire des courtes narrations à tendances morales reposant sur une donnée visiblement arbitraire et dans lesquelles les acteurs mis

  1. Mort depuis que ce discours a été prononcé.