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LA RELIGION EN CHINE

ans encore et ce nombre arrivait à dix mille. Maintenant l’élément chrétien progresse à vue d’œil.

Le nombre des points sur lesquels s’exerce l’action des missions protestantes augmente rapidement, et il en est de même pour celles des catholiques romains qui comptent par centaines de mille le nombre de leurs adhérents.

Si les baptêmes sont plus fréquents dans la plupart des districts où travaillent actuellement les missionnaires, il faut l’attribuer à la paix dont le pays a joui pendant ces dernières années et à ce que les autorités locales et les personnages influents comprennent mieux qu’autrefois que la conversion au christianisme n’est pas un crime subversif d î l’ordre social. Dans plusieurs cas on a réparé les dommages infligés aux chrétiens, et les convertis n’ont plus à redouter autant que par le passé que le baptême leur apporte de nombreuses souffrances.

Une des concessions qu’obtint Sir Thomas Wade dans ses négociations de 1876 avec Le-hung-Chang, gouverneur général de la province de Ghile, fut l’affichage sur toutes les places publiques d’une proclamation impériale au sujet de l’assassinat de M. Margary. Cette mesure a produit un excellent effet sur le peuple en l’obligeant à considérer les étrangers comme des amis. Plusieurs des personnes qui, depuis cotte époque, ont demandé le baptême ont été amenées à cette idée par cette proclamation.

Pour bien juger de l’état de l’expansion du christianisme en Chine, il faut porter les yeux sur les districts où ont été réunies des communautés chrétiennes. En beaucoup d’endroits, elles s’étendent avec une grande rapidité. Dans certaines parties, la population villageoise a montré depuis peu d’années une tendance à accepter de nouvelles idées religieuses qui se combinent avec la prohibition de l’opium et du tabac, avec le culte sans images, et l’obéissance à un guide spirituel en ce qui touche à la doctrine. Il y a, dans le voisinage de Pékin, plusieurs de ces associations, toutes d’origine moderne. Dans quelques-unes, il est sévèrement défendu de fumer l’opium. Beaucoup de personnes suivent pendant quelques mois ou quelques années les préceptes de ces sectes, et alors, si en les presse de se joindre aux chrétiens, elles consentent sans trop de difficulté, disant qu’elles n’ont pas trouvé dans l’association nouvelle où elles étaient entrées le bien qu’elles avaient espéré.

Il y a plus d’espérance de progrès parmi la population des villages que