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FRAGMENTS TRADUITS DU KANDJOUR

poison ne pouvaient s’attacher à son corps et y pénétrer, les Nâgas furent émerveillés. Puis ces Nâgas, étant venus près du Sthavira, lui dirent : « Vénérable, qu’ordonnes-tu ? » Le Sthavira répartit : « Faites-moi don de ce lieu. » Les Nâgas reprirent : « On ne peut présenter un rocher comme offrande. » Le Sthavira répondit : « Bhagavat a prédit que cette place serait mienne, parce que le pays de Kâçmir est un lieu favorable pour le Dhyâna et a le recueillement parfait. Désormais elle est à moi. » Les Nâgas repartirent : Sthavira, Bhagavat l’a-t-il ainsi déclaré ? — Bhagavat l’a ainsi déclaré, » répondit le Sthavira. Les Nâgas dirent : « Sthavira, combien d’espace te donnerons-nous en offrande ? — Autant que j’en occupe assis les jambes croisées, » répondit le Sthavira. Les Nâgas reprirent : « Révérend, nous te l’offrons. » Le Sthavira s’assit les jambes croisées ; les extrémités des vallées furent déprimées par cette action^^1.

Les Nâgas dirent : « Sthavira, à quel nombre d’hommes s’élève l’assemblée de tes disciples ? » Le Sthavira se dit en lui-même : « Combien de disciples rassemblerai-je ? » — Et aussitôt le Sthavira pensa : « Ce sera cinq cents Arhats ; » et il dit aux Nâgas : « Elle s’élève au chiffre de cinq cents Arhats. » « Qu’il en soit ainsi, répondirent les Nâgas ; mais s’il y manque (à cette assemblée) un seul Arhat, nous te reprendrons en ce temps-là le pays de Kâçmir. »

Puis le Sthavira Madhyântika dit aux Nâgas du pays de Kâçmir : « Voilà une affaire réglée ; mais ce n’est pas assez : là où demeurent des gens qui donnent, là (seulement il peut) exister des gens qui reçoivent ; en conséquence, je veux aussi établir ici des maîtres de maison. — Qu’il en soit ainsi, » répondirent les Nâgas. Incontinent, le Sthavira se mit à créer lui-même des villages, des villes, des provinces, et il y installa des sociétés d’hommes. Ceux-ci dirent : « Sthavira, comment nous accroîtrons-nous ? » — Aussitôt le Sthavira, emmenant avec lui des multitudes d’hommes, se rendit sur la montagne de Gandhamâdana (la montagne des parfums) et dit : Que le safran apparaisse ! — Aussitôt les Nâgas du mont Gandhamâdana se soulevèrent ; mais le Sthavira les dompta également ; ils dirent alors : « Combien de temps

1 Allusion à l’écoulement des eaux qui occupaient la vallée de Kâçmir. Dans une Vie de Çâkyumuni traduite du tibétain en allemand par feu Schiefner, ce passage est ainsi rendu : « en s’asseyant, il embrassa les issues de neuf vallées, ce qui fit que les Nâgas lui cédèrent la place. »