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FRAGMENTS TRADUITS DU KANDJOUR

cela, au même instant, une grande clarté vint à remplir (l’espace), et, bien que les êtres qui étaient nés là ne pussent apercevoir leur main en étendant (leur bras), certains êtres, ayant vu cette clarté, s’écrièrent : Messieurs, un être nouveau est né ici ! Messieurs, un être nouveau est né ici !

Dans le temps où le bienheureux Bodhisattva, après dix mois écoulés naquit du sein maternel, en ce temps-là aussi, la grande terre trembla fortement, et, au centre du monde… (comme ci-dessus).

Le jour où le bienheureux Bodhisattva naquit, ce jour-là aussi, il naquit un fils à quatre grands rois.

À Çrâvastî, il naquit un fils au grand roi Aranemi Brahmadatta. Cette pensée lui vint alors à l’esprit : puisque, à la naissance de mon fils, le monde a brillé d’une (grande) clarté, le nom de ce jeune homme est fixé aux mots Prasenajit[1], « vainqueur en clarté. » — Prasenajit, tel fut le nom adopté pour ce fils.

À Râjagrha, il naquit un fils au grand roi Mâha-Padma[2], « grand lotus. » Cette pensée lui vint alors à l’esprit : puisque, au moment de la naissance de mon fils, le monde a brillé comme le disque du soleil levant, et parce qu’il est le fils de cette reine Bimbavatî[3], que le nom de cet enfant soit fixé aux mots Bimbasâra, « essence de l’image (ou du disque). » — Bimbasâra fut donc définitivement le nom de ce fils.

À Kauçambhi, un fils étant né au grand roi Çatanaka, cette pensée lui vint à l’esprit : quand mon fils est né, le monde est devenu brillant comme le lever du soleil ; le nom de ce jeune homme sera donc fixé au mot « lever » ; telle fut sa réflexion, et Udayana, « lever du soleil, » fut définitivement le nom de ce fils.

À Ujjayana, un fils étant né au grand roi Anantanemi, cette pensée s’offrit à son esprit : au moment de la naissance de mon fils, le monde est venu à briller d’une vive lumière ; Pradyota[4], « vif éclat, » est donc le nom qu’il faut donner à ce jeune homme. Pradyota fut donc définitivement le nom de ce fils[5].

  1. Tib. Gsal-rgyal.
  2. Tib. Padma-chen-po.
  3. Tib. Gzugs can, « qui possède une image ou un disque ; » je rétablis (par conjecture) le nom sanskrit, et j’en fais un nom propre, sans être bien sûr que ce soit un véritable nom propre ; ce pourrait être un simple qualificatif.
  4. Tib. Rab snang.
  5. La naissance des quatre contemporains de Çâkya est racontée dès le commencement du Dulva (I, 5). Voir l’Analyse du Kandjour.