sans exception sont restés en ce lieu même. Et maintenant, comment ne resterais-je pas ici immobile, la joue appuyée sur ma main, et plongé dans mes réflexions ?
— Udâyî reprit : Je prie le roi de me donner un ordre (pour y aller). — Toi aussi tu resteras là-bas. — Seigneur, j’irai avec un ordre donné par le roi en personne.
Là-dessus le roi écrivit de sa propre main la lettre suivante :
Depuis ton arrivée dans le sein de ta mère,
J’ai toujours bien veillé sur toi.
Quand la corruption morale et ses misères te retenaient encore,
Tu étais la forte branche de l’arbre royal.
Mais c’est par les racines et les branches de l’enseignement
Que tu t’épanouis maintenant :
Tu en réjouis d’autres en leur faisant du bien ;
Mais moi, je ne puis m’entretenir que de ma douleur.
Dans le temps où, par ta naissance,
Tu as réalisé un grand espoir
Et fait le bonheur de tes parents,
Dans ce temps-là même tu as fait un vœu.
Fais-en voir aujourd’hui l’accomplissement :
Pour moi, pour la troupe de tes parents,
Manifeste de la compassion et de l’affection,
Prends le parti de venir ici, je te le demande.
Tels furent les termes de la lettre. Udâyî prit la missive et, se mettant en route pour Çravastî, il franchit la distance, et étant de proche en proche arrivé à Çrâvastî, il remit la lettre à Bhagavat.
Pendant que Bhagavat lisait lui-même cette lettre, Udâyî dit : Bhagavat viendra-t-il à Kapilavastu ? — Udâyî, j’irai.
Udâyî, inspiré par leur ancienne amitié, parla ainsi : si Bhagavat ne vient pas (de gré), je l’emmènerai de force. Alors Bhagavat prononça, à ce moment, les stances suivantes :
Celui que la soif n’entraîne pas,
Sur qui son réseau ne s’étend absolument plus,
Celui-là est un Buddha d’une conduite (parfaite), qui ne tient à rien.
Comment aurait-on prise sur lui pour l’entraîner ?