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LALITA VISTARA. — CHAPITRE VI

était affermie dans la voie des dix actions vertueuses. Et jamais la mère du Bodhisattva n’eut la pensée d’un désir pour aucun homme, pas plus qu’aucun homme n’en eut à l’égard de la mère du Bôdhisattva.

Et, quels qu’ils fussent, dans la grande ville nommée Kapila, la meilleure des villes, et les autres pays habités, femmes, hommes, jeunes gens ou jeunes filles, de l’esprit desquels s’était emparé un dieu, un Nâga, un Yakcha, un Gandharba, un Asoura, un Garoudas ou un Bhoiita, tous aussitôt qu’ils curent vu la mère du Bôdhisattva, revenant à eux, recouvrèrent la mémoire.

Et ceux qui n’étaient pas hommes, changèrent promptement de condition (d’existence). Et tous les êtres qui étaient atteints de diverses maladies nées de l’union du vent, de la bile et du flegme, tourmentés par le mal d’jeux, ou le mal d’oreille, ou le mal du nez, ou le mal de la langue, ou le mal des lèvres, ou le mal de dents, ou le mal de gorge, (ju l’enflure du cou, ou l’enflure de la poitrine, la lèpre, la gale, la consomption, la folie, l’épilepsie, la fièvre, le mal d’estomac, les maladies de la peau, etc., tous, aussitôt que la mère du Bôdhisattva eût étendu la main droite sur leur tête, ayant été délivrés de leurs maladies, s’en retournèrent chacun dans sa demeure. Enfin, Màyà-Dèvî, ayant enlevé une touffe d’herbe du sol de la terre la donna aux êtres languissants. Aussitôt qu’ils l’eurent touchée, ils furent délivrés de leurs maux sans qu’il en restât trace. Et quand Màyà-Dèvî regardait sou côté droit, elle voyait alors le Bôdhisattva entré dans son sein, comme, par exemple, sur le cercle bien pur d’un miroir, s^^ voit le contour du visage. Et à cette vue, satisfaite, contente, ravie, elle avait le cœur rempli de joie et d’allégresse.

Et aussi, Religieux, par la bénédiction du Bôdhisattva entré dans le sein de sa mère, toujours et sans cesse, nuit et jour, les instruments de musique des dieux se faisaient entendre, et des fleurs divines tombaient eu pluie. Les dieux produisaient la pluie en temps favorable ; en temps favorable aussi soufflaient les vents. En temps favorable les astres et les saisons accomplirent leurs révolutions ; le royaume fut dans l’abondance et le bien-être et sans aucun trouble. Et tous, dans la grande ville appelée Kapila, les Çâkyas et les autres êtres, mangeaient, buvaient, se réunissaient, s’amusaient, faisaient des aumônes et de bonnes œuvres, et, comme pendant une fête de quatre mois, passèrent agréablement leur vie dans les plaisirs. Quant au roi Çuuddhôdana, vivant en Brahmatchari, ayant mis de côté les affaires,