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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

tant le côté droit. Dix mille filles des dieux, tenant sur leur tête des vases d'or pleins d'eau de senteur, furent aperçues immobiles. Dix railles tilles de dieux portant des parasols, des étendards, des bannières, furent aperçues immobiles. Plusieurs centaines de mille de filles des dieux, portant des conques, des tambours suspendus à leur cou, furent aperçues immobiles et attendant. Tous les vents apaisés ne soufflaient pas. Toutes les rivières et les ruisseaux arrêtés, ne coulaient pas. La lune, le soleil, les chars célestes, les planètes, la foule des étoiles restaient sans mouvement. On était dans la conjonction de l'astérisme Pouchya. La demeure du roi Çouddhôdana était couverte d’un treillage précieux. Le feu ne bridait pas. Aux galeries, aux palais, aux terrasses, aux portiques, on vit (suspendues) des perles et des pierres précieuses. Des magasins de toiles blanches, des magasins de diverses choses précieuses, furent vus grand ouverts. Les cris des corneilles, des hiboux, des vautours, des loups et des chacals avaient cessé et les sons les plus agréables étaient entendus. Tous les travaux des hommes étaient interrompus. Les lieux hauts et bas de la terre furent nivelés. Tous les carrefours, les places, les rues, les marchés, unis comme la paume de la main, brillaient, tout couverts de fleurs. Toutes les femmes enceintes accouchaient heureusement. Toutes les divinités des bois de Salas, se montrant à mi-corps au milieu du feuillage, furent aperçues immobiles et inclinées avec respect.

Tels furent les trente-deux signes précurseurs qui apparurent.

Alors la reine Mâyâ, par le pouvoir de la splendeur du Bôdhisattva lui-même, ayant connu que le temps de la naissance du Boddhisattva était venu, à la première veille de la nuit, étant allée trouver le roi Çouddhôdana, lui adressa ces Gâthâs.

1. Sire, écoutez-moi vous dire quelle est ma pensée. Il y a bien longtemps que l'idée d'un jardin m'est venue.

Si ce n'est pour vous ni un déplaisir, ni une gêne, ni un trouble, puissé-je aller promptement à la terre du jardin de plaisance !

2. Vous êtes ici soumis à la pénitence, appliqué aux pensées de la loi ; pour moi, je porte un être pur entré en moi depuis longtemps. Les Salas, les plus beaux des arbres sont couverts de fleurs épanouies ; il est convenable, ô roi, d'aller à la terre du jardin de plaisance.

3. La plus belle des saisons, le printemps, est pour les femmes une occasion de se