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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

d’éléphants, de chars, de soldats à pied ; avec des parasols, des bannières et des étendards déployés, au son des instruments de toute espèce, se mit en marche, après avoir pris le jeune prince. Les divinités, par centaines de mille, traînaient le char du Bôdhisattva. Des centaines de mille de Niyoutas de Kôtis de fils des dieux et d’Apsaras dispersés dans l’étendue des cieux firent pleuvoir des pluies de fleurs et firent résonner des instruments de musique.

Ainsi donc, le roi Çouddhôdana, avec une grande pompe royale, une grande cérémonie royale, un grand appareil royal, ayant pris le jeune prince, l’introduisit dans le temple des dieux.

Aussitôt que la plante du pied droit eût été posée par le Bôdhisattva dans ce temple des dieux, les images inanimées des dieux, tels que Çiva, Skanda, Nârâyana, Kouvèra, Tchandra, Soîirya, Vàiçravana, Çakra, Brahmâ, les gardiens du monde et autres, toutes ces images s’étant chacune levée de sa place, tombèrent aux pieds du Bôdhisattva.

En ce moment, les dieux et les hommes, par centaines de mille, jetèrent de grands cris d’admiration et de plaisir et firent tomber des pluies de vêtements. La grande ville de Kapilavastou, la première des villes, trembla de six manières ; des fleurs divines tombèrent en pluie ; des instruments, par centaines de mille, sans être touchés, résonnèrent, et toutes les divinités dont les images se trouvaient là, ayant montré chacune sa propre personne, prononcèrent ces Gâthâs :

4. Le Mêrou, roi des montagnes, le meilleur des monts, ne pourrait jamais s’incliner devant le sénevé ; l’Océan, séjour du roi des Nâgas, ne pourrait jamais s’incliner devant (l’eau contenue dans) le pas d’une vache ; la lune et le soleil, qui donnent la lumière, ne pourraient s’incliner devant la mouche luisante ; celui qui, sorti d’une famille qui a la sagesse et le mérite, est rempli de qualités, comment pourrait-il s’incliner devant les divinités ?

5. Pareil au sénevé, à l’eau dans le pas d’une vache ou à la mouche luisante seraient aussi, dans les trois mille (mondes), les dieux et les hommes, quels qu’ils soient, persistant dans l’orgueil. Semblable au Mêrou, à l’Océan, à la lune, au soleil, est, dans le monde, le Svayambhou suprême. Le monde, après lui avoir rendu hommage, obtient pour récompense le Svarga ainsi que la délivrance finale (Nirvrîti).

Au moment même, Religieux, où l’on faisait voir l’entrée du Bôdhisattva dans le temple des dieux, de trente-deux centaines de mille de fils des dieux