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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

même instant, on amenait à la ville un éléphant blanc de grande taille, destiné au Bôdhisattva. En le voyant, le jeune Dêvadatta, par envie, par orgueil d’être un Çâkya et enivré aussi par l’orgueil de sa force, saisit cet éléphant de la main gauche par la trompe et le tua avec la paume de la main droite, d’un seul coup.

Aussitôt après lui, sortit le jeune Soundarananda. Il vit cet éléphant à la porte de la ville. À cette vue, il demanda : Par qui a-t-il été tué ? Une grande foule d’hommes rassemblés dirent : C’est par Dêvadatta. Il dit : C’est une mauvaise action de sa part, et ayant pris l’éléphant par la queue, il l’attira eu dehors de la porte de la ville.

Aussitôt après lui, monté sur son char, le Bôdhisattva, sortait. Il vit l’éléphant tué. Eu le voyant, il demanda : Par qui a-t-il été tué ? On dit : Par Dêvadatta. Il dit : C’est une mauvaise action de la part de Dêvadatta. Et par qui a-t-il été attiré en dehors de la ville ? On dit : Par Soundarananda. Il dit : Cela est bien de la part de Soundarananda ; mais cet être qui a un grand corps, en se décomposant, remplira toute la ville d’une mauvaise odeur.

Alors le jeune prince, debout sur sou char, ayant allongé un seul pied à terre, après avoir pris cet éléphant par la queue avec le pouce de son pied, et avoir dépassé sept remparts et sept fossés, le jeta au delà de la ville à la distance d’un Krôça.

Et, à l’endroit même où tomba cet éléphant, il se fît une grande excavation qui, aujourd’hui, est appelée Hastigarttâ (fosse de l’éléphant).

En ce moment, les dieux et les hommes, par centaines de mille, firent entendre des cris d’admiration et de plaisir et jetèrent des vêtements.

Les fils des dieux qui se tenaient dans l’étendue du ciel prononcèrent ces deux Gâthâs :

15. Avec la démarche superbe d’un roi des éléphants, après avoir, avec le bout du pouce de son pied, saisi le roi des éléphants, celui-ci a été jeté hors de la ville, après avoir dépassé les sept remparts de la cité.

16. Sans nul doute, plein d’intelligence et par la force de la sagesse, il lancera, bien loin de la cité de la transmigration ceux dont les corps ont grandi par la force de l’orgueil !

Ainsi donc, Religieux, cinq cents jeunes Çâkyas étant sortis de la ville se rendaient à un autre endroit où l’on montrait son habilité dans les arts. Le