Page:Annales du Musée Guimet, tome 6.djvu/199

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
155
LALITA VISTARA. — CHAPITRE XIII

sont connus des sages ; comme pareils à un pal, pareils à la chair d’un oiseau ; comme pour les chiens des carcasses, ils sont accompagnés d’inimitiés.

77. Les qualités du désir sont pareilles à la lune dans l’eau ; comme une image réfléchie, comme l’écho de la montagne ; elles sont regardées par les gens respectables comme (pareilles à) des apparences, comme la représentation d’un drame, comme un songe.

78. Ces qualités du désir ne durent qu’un moment ; elles sont pareilles à l’illusion, au mirage ; fausses et pareilles à la bulle d’eau et à l’écume ; elles sont connues des sages comme produites par les erreurs de l’imagination.

79. Au premier temps de la vie, quand il a sa plus belle forme, celui qui se conduit comme un enfant, est aimé, désiré, recherché. Quand la vieillesse et la maladie ont détruit la splendeur de son corps, on l’abandonne, comme les gazelles abandonnent une rivière desséchée.

80. Au temps où, en possession des trésors et des biens les plus précieux, il est fort de ses grandes richesses, celui qui se conduit comme un enfant est aimé, désiré, recherché. S’il est privé de sa fortune et tombé dans la misère, les hommes l’abandonnent comme un désert vide.

81. Comme l’arbre qui a des fleurs, el l’arbre qui a des fruits, celui qui se plait à donner aux hommes fait ainsi leur joie : s’il n’a plus de fortune, si, accablé de vieillesse, il mendie, il est alors désagréable comme un vautour.

82. Maître puissant par la fortune et doué de la plus belle forme, on aime à le rencoiitier, lui qui flatte les sens. S’il est accablé par la vieillesse et la maladie, si ses biens sont perdus, il est alors désagréable comme le seigneur de la mort.

83. Accablé par la vieillesse, sa jeunesse étant passée, il est comme un arbre frappé par la foudre ; il est redouté comme une maison qui tombe de vétusté. Comment échapper à la vieillesse ? Dis-le promptement, ô Mouni !

84. La vieillesse dessèche la foule des hommes et des femmes, comme la liane Màlou un bois épais de Sâlas. La vieillesse ravit le courage, l’énergie et la vigueur, comme si l’homme était plongé dans un marais.

85. La vieillesse change la beauté en laideur ; la vieillesse ravit l’éclat ; la vieillesse ravit toujours le bien-être ; la vieillesse amène le dédain, produit la mort ; la vieillesse ravit le lustre, ravit la force et la puissance. 86. Ce monde est assailli par plusieurs centaines de maladies et de souffrances, comme des gazelles par le feu. Après avoir considéré le monde tombé au pouvoir de la vieillesse et de la maladie, comment échapper à la vieillesse ? Promptement enseigne le donc !

87. Et comme, l’hiver, le vent froid ravit l’éclat du gazon, des branches d’arbres et des plantes médicinales des bois, de même ravit l’éclat la vieillesse (sujette) aux maladies nombreuses ; la force de la beauté des organes et des sens est détruite. 88. Elle (la vieillesse) amène la fin et la ruine des grandes richesses en argent et en grains ; la vieillesse et la maladie produisent toujours la souffrance ; elles blessent et (ont haïr ce qui est agréable ; elles brûlent comme le soleil dans le ciel.