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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

même, fut montré sur cette route un homme vieux, cassé, décréprit, aux veines saillantes sur le corps, aux dents branlantes, au corps couvert de rides, à la chevelure grise, courbé, voûté comme la solive d’un toit, abattu, appuyé sur un bâton, dont la jeunesse s’est éloignée, dont le gosier ne rend que des mots mal articulés, avec le corps penché en avant, s’appuyant sur un bâton, tremblant de tous ses membres et parties des membres. Alors le Bôdhisattva l’apercevant dit à sou cocher ;

1. Qu’est-ce, cocher, que cet homme affaibli, qui a peu de force, à la chair et au sang desséchés, aux muscles collés à la peau ? qui a la tête blanche, les dents branlantes, dont le corps et les membres sont amaigris, qui, appuyé sur un bâton, marche avec peine en trébuchant ?

Le cocher dit :

2. Cet homme, en vérité, Seigneur, est accablé par la vieillesse, il a les organes affaiblis, il est très affligé et privé de force et d’énergie ; dédaigné par les personnes de sa famille, il est sans protecteur ; incapable d’agir, il est relégué dans la forêt, comme un morceau de bois.

Le Bôdhisattva dit :

3. Est-ce là la loi de sa famille ? dis-le ; ou bien est-ce, en vérité, la condition de toute créature humaine ? Dis vite ce qu’il en est ; après avoir appris la vérité, je réfléchirai, en partant de l’origine.

Le cocher dit :

4. Ce n’est, Seigneur, ni la loi de sa famille, ni la loi du royaume. De toute créature la vieillesse emporte la jeunesse. Votre mère, votre père, la foule de vos parents et de vos alliés, finiront par la vieillesse. Il n’y a pas d’autre route pour la créature.

Le Bôdhisattva dit :

5. Quel malheur, cocher, pour la créature ignorante et faible dont l’intelligence enivrée par l’orgueil de la jeunesse, ne voit pas la vieillesse ! Détourne promptement ici le char, je vais rentrer. Que m’importent les jeux et les plaisirs à moi qui suis la demeure (future) de la vieillesse !

Et le Bôdhisattva ayant retourné le meilleur des chars rentra (dans la ville).