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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

Le cocher dit :

10. Cet homme, Seigneur, qui est mort dans Ie Djamboudvîpa, ne verra plus sa mère, son père, ses flls, son épouse. Après avoir abandonné ses biens et sa maison, sa mère, son père, la foule de ses amis et de ses parents ; il est allé dans un autre monde ; il ne verra plus ses parents.

Le Bôdhisattva dit :

11. Malheur à la jeunesse minée par la vieillesse ! Malheur à la santé, que détruisent toutes sortes de maladies ! Malheur à la vie de l’homme, qui ne dure pas longtemps ! Malheur aux attraits du plaisir (qui séduisent le cœur) du sage !

12. S’il n’y avait ni vieillesse, ni, maladie ni mort, avec cette grande douleur qui a pour support les cinq éléments de l’existence (Skandhas) ! ni non plus la vieillesse, la maladie et la mort qui toujours sont liées l’une à l’autre ! C’est bien ; après être retourné en arrière, je songerai à la délivrance !

Et aussitôt, Religieux, le Bôdhisattva ayant détourné le meilleur des chars rentra dans la ville.

Et ainsi, Religieux, une autre fois encore, pendant que, par la porte du nord de la ville, le Bôdhisattva se dirigeait vers la terre du jardin de plaisance, par son pouvoir même, fut, par les fils dieux produite sur la route l’apparition d’un Religieux. Le Bôdhisattva aperçut ce Religieux, calme, dompté, retenu, continent ; ne jetant pas les yeux de côté et d’autre, ne regardant pas plus loin que la longueur d’un joug, possédant la voie honorable, agréable à voir ; ayant la démarche agréable en regardant et en détournant les yeux ; agréable en se ramassant sur lui-même ou en s’étendant, se tenant sur la route et portant la sébile et le vêtement religieux.

Après l’avoir vu, le Bôdhisattva, avec intention, parla ainsi au cocher :

13. Quel est, cocher, cet homme calme à l’esprit très calme, qui s’en va les yeux baissés, regardant seulement à la longueur d’un joug, vêtu de vêtements rougeâtres et d’un maintien si parfaitement calme ? Il porte un vase aux aumônes et n’est ni orgueilleux ni hautain.

Le cocher dit :

14. Seigneur, cet homme est de ceux qu’on nomme Bhikchous (religieux mendiants). Après avoi abandonné les joies du désir, il a une conduite parfaite, disciplinée.