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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

Les oies, les cigognes, les paons, les geais, les perroquets ne feront pas entendre leurs chants ; sur les palais, les œils-de-bœuf, les arcades, sur les plate-formes des terrasses, abattus et le cœur triste ils restent songeurs et la tête basse.

20. Dans les réservoirs et les étangs, les lotus brillants se faneront et sécheront : les arbres auront leurs feuilles séchées, et, privés de fleurs, ne fleuriront plus. Les flûtes, les luths et les guitares garnis de cordes, se briseront tout à coup ; les tambours et tambourins, frappés avec la main, se briseront sans rendre de son.

21. Toute cette ville troublée sera complètement vaincue par le sommeil ; personne n’aura plus le cœur disposé à la danse, ni au chant, ni au plaisir. Le roi lui-même, le cœur profondément affligé. sera livré à de sombres pensées. Ah ! malheur à la race de Çâkya ! puissent ces grandes apparitions surnaturelles i>e pas la consumer !

22. Pendant que Gôpà et le prince étaient dans le même lit, Gûpâ, à l’heure de minuit, vit ceci en songe : toute cette terre était ébranlée avec les montagnes et leurs pics ; les arbres secoués par le vent, brisés et déracinés étaient tombés à terre.

23. Le soleil et la lune, avec les étoiles qui sont leurs ornements, étaient tombés tous les deux du ciel sur la terre. Elle vit ses cheveux coupés par sa main droite et son diadème tombé. Elle vit ses mains coupées, ses pieds coupés et soi-même toute nue. Elle vit ses colliers de perles et ses joyaux brisés.

24. Elle vit les quatre pieds de sa couche brisés et épars sur le sol. Elle vit la poignée bien ornée du parasol du roi brisée, et tous les ornements tombés, dispersés et entraînés par les eaux ; les ornements de son époux, ses vêtements et son diadème dispersés en désordre sur sa couche.

25. Elle vit des météores sortir de la ville plongée dans les ténèbres, et, dans son rêve, les beaux grillages faits de matières précieuses brisés, les guirlandes de perles qui étaient suspendues, tombées, et le grand Océan agité ; et alors elle vit le Mérou, le roi des monts, ébranlé jusque dans ses fondements.

26. Telles furent les choses que la fille des Çâkyas vit en songe ; et s’éveillant après les avoir vues, les yeux inquiets, elle dit à son époux : Dites. Seigneur, qu’arrivera-t-il donc, de ce que de pareilles choses ont été rêvées ? Mon souvenir s’égare : je ne vois plus, et mon cœur est rempli de chagrin !

27. Après avoir entendu ces paroles, celui qui a la voix du Kalabingka et comme le son du tambour, dont les accents sont agréables comme ceux de Brahmâ, parla ainsi à Gôpâ : sois satisfaite, car il n’v a pas là de ta faute. Ce sont les êtres qui, autrefois, ont pratiqué les bonnes œuvres, qui font ces rêves-là. Quel autre, frappé par une suite de douleurs, a fait des rêves pareils ?

28. Puisque tu as vu en songe la terre fortement ébranlée, les montagnes avec leurs pics tombés à terre, les dieux, les Nâgas, les Rakchasas et les troupes des Bhoûtas, tons te rendront les plus grands hommages.

29. Puisque tu as vu les arbres déracinés, tes cheveux coupés par ta main droite, bientôt Gûpâ, après avoir coupé le réseau de la corruption naturelle, tu enlèveras le réseau de la vue qui provient des composés (Sanskritatas).

30. Puisque tu as vu (en rêve) la lune et le soleil tombés, ainsi que les étoiles et les