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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

Mahâsañghikas, ce que l’Abhinichkramana soûtra est pour celle des Dharmagouptas et le Lalita vistara pour celle des Sarvâstivâdas, il s’ensuit que ces livres existaient simultanément à l’époque qui doit être celle où les disciples du Bouddha se divisèrent en sectes, c’est-à-dire vers le iie siècle après la mort de Çâkya Mouni, puisque, suivant l’auteur du Mahâvañsa, il ne s’était produit qu’une seule hérésie pendant le siècle qui avait suivi cette mort[1].

Tout cela s’accorde avec la tradition chinoise qui nous apprend qu’une traduction du Lalita vistara, en chinois, fut faite l’an 65 de J.-C., ce qui reporte forcément l’existence de ce livre au siècle qui a précédé notre ère et lui assigne une antiquité de deux mille ans, au moins. C’est le résultat auquel, par d’autres considérations, j’étais déjà arrivé, dans l’introduction du Rgya-tcher-rol-pa, p. XVI et suivantes.

M. Wassilief est du même avis : « Quoique le Lalita vistara, dit-il, soit compté au nombre des Soûtras du Mahâyâna, tout fait voir que son origine remonte aux premiers commencements des légendes[2] ».

Consultons maintenant, pour la date du Lalita vistara, M. A. Weber dont personne ne contestera l’autorité en pareille matière.

« Le principal point est d’établir une chronologie relative et un ordre de succession parmi les diverses écritures bouddhiques, tâche que Eugène Burnouf, dont les recherches sont notre seule autorité, a accomplie avec un grand jugement et des conclusions acceptables. En premier lieu, parlant des Soûtras ou paroles du Bouddha lui-même, Burnouf les divise en Soûtras simples et en Soûtras appelés Mahâvâipulya Soûtras ou Mahâyâna Soûtras, en déclarant que ces derniers sont les plus modernes pour le langage, la forme et la doctrine. En ce qui regarde ce dernier point, il a raison sans nul doute, car en pre-

  1. Lotus de la loi, trad. par Eug. Burnouf, p. 356.
  2. Le Bouddisme, ses dogmes, son histoire et sa littérature, trad. du russe par M. G. A. La Comme, p. 176. — V. aussi, p. 31 et 119, quelques détails sur l’origine des Mahâyâna Soûtras.