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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

l’erreur de l’esprit ; pareils à des songes, il sont, par l’union du charme et de l’erreur delà vue, incapables de satisfaire ; comme l’Océan, ils sont difficiles à remplir ; comme l’eau salée, ils produisent la soif ; dangereux à toucher comme la tête d’un serpent ; comme un grand précipice, ils sont évités par les sages. Après avoir reconnu qu’ils sont accompagnés de dangers, accompagnés de querelles, accompagnés de fautes, accompagnés de vices, ils sont complètement évités par les sages, blâmés par les savants, repoussés par les gens respectables, abandonnés par les gens sensés, accueillis par les insensés, entretenus par les ignorants. Et, en ce moment, il récita cette Gâthâ :


36. Les objets désirés évités par les gens sensés comme la tête d’un serpent, repoussés comme un vase impur et destructeurs de toute vertu, ô Tch’andaka, après les avoir connus, il n’y a plus pour moi de joie !


Alors Tch’andaka, comme percé d’une flèche, gémissant, les yeux pleins de larmes, accablé de douleur, parla ainsi :


37. Seigneur, ce en vue de quoi, ici-bas, quelques-uns pratiquent de rudes austérités de toutes sortes, portent des peaux de gazelle noire, une natte de cheveux, leur chevelure, leurs ongles et leur barbe très longs et des habits de religieux ; portent des habits d’écorce, ont les membres desséchés, et, renfermés dans leurs mortifications, ne mangent que des herbes et des légumes ; d’autres, la tête en bas observent la frugalité des vaches.

38. (En vue du même but) nous aussi, les meilleurs, les plus élevés, les plus éminents des Tchakravartins dans l’univers et aussi gardiens du monde, serions-nous, comme Çakra qui porte la foudre, comme Yâma le seigneur des dieux et Nirmitta, désireux du bonheur de la contemplation dans le monde de Brahmâ ?

39. Ô le meilleur des hommes, ce royaume qui est le vôtre, florissant, étendu, prospère ; ces jardins délicieux, ces parcs, ce palais élevé pareil au Vâidjayanta ; cet appartement des femmes, où l’on sait si bien, au son des flûtes et des luths, aux accords des chants et des instruments, réunir les concerts, la danse et le plaisir, jouissez-en de ces objets du désir, n’errez pas en religieux, ô excellent !


Le Bôdhisattva dit :


40. Tch’andaka, écoute ! Des centaines de misères ont été endurées par moi à cause du désir, dans le cours de mes existences antérieures : Emprisonnements, entraves, coups, menaces ; et il n’y a pas eu de défaillance.

41. Dans mon esprit, faisant partie des composés, livré au pouvoir de la passion,