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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

nous devrions les regarder plutôt comme une preuve que les légendes bouddhiques, n’étaient pas, à l’origine, composées en Sanskrit, mais dans les dialectes vulgaires.

« Suivant le récit du voyageur chinois Fahiang qui fit un pèlerinage de la Chine dans l’Inde dans les années 399-414 de J.-C., il semble résulter que les Mahâyânas Soûtras étaient déjà assez répandus à cette époque, puisque Fahiang mentionne quelques-unes des doctrines particulières à ces Soûtras comme étant amplement étudiées[1]. »

De ce qui précède on peut inférer d’abord : que les Mahâyânas Soûtras ayant été répandus et amplement étudiés aux premiers siècles de notre ère, ils devaient n’être plus nouveaux dans l’Inde à cette époque ; ensuite, que les parties poétiques de ces livres étant composées dans un dialecte particulier qui se rapprochait de la langue usuelle du temps, elles sont plus anciennes que les parties en prose.

L’on peut donc, sans crainte de se tromper beaucoup, reporter la composition des Mahâyânas Soûtras aux siècles qui ont précédé notre ère, avant l’époque où a été faite la récension définitive du Mahâbhârata. Ce qui donne à cette supposition une grande vraisemblance, c’est que le nom de Krĭchṇa, comme dieu, ne paraît pas dans les Mahâyânas Soûtras tandis qu’on y trouve le nom de Vichnou (et son synonyme Nârâyaṇa) dont Krĭchṇa est l’incarnation.

Le Mahâbhârata est la glorification de Krĭchṇa. Rien n’empêche donc de croire que les Brahmines qui voyaient avec inquiétude l’influence croissante du Bouddhisme sur les peuples et les rois, crurent trouver un excellent moyen de combattre cette influence, en lui opposant, pour la neutraliser, celle d’une autre religion.

Le culte de Krĭchṇa, nouveau à cette époque, leur aurait semblé

  1. The history of Indian Literature, by Albrecht Weber, p. 298 et suiv.