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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XVII

s’étant rendue sur le bord de la rivière Nâirañjanâ, à l’endroit où était le Bôdhisattva, le vit qui avait le corps desséché. En le voyant ainsi pareil à un mort, suffoquée par les sanglots, elle se mit à pleurer. En cette circonstance, elle récita ces stances :


3. Lorsque tu es né dans le jardin appelé Loumbini, ô mon fils, alors, comme un lion, sans être soutenu, tu fis de toi-même sept pas en avant.

4. Ces belles paroles prononcées par toi, après avoir regardé les quatre points de l’espace : « C’est là ma dernière naissance, » elles ne sont pas accomplies par toi.

5. Quand Asita te le déclarait : « Tu seras un Bouddha dans le monde, » elle était fausse sa prophétie. Il n’avait pas vu l’instabilité (de la destinée).

6. La splendeur qui ravit le cœur d’un roi Tchakravartin n’a pas non plus été goûtée par toi, ô mon fils ; et, sans avoir obtenu l’Intelligence suprême, tu es allé à la mort dans la forêt !

7. À qui recourir pour (secourir), mon fils, à cause duquel je gémis, profondément affligée ? Qui donc, comme je le désire, rendra à mon fils le souffle de vie ? 8. — Quelle est cette femme qui pleure amèrement, les cheveux épars, et dont la beauté est altérée ? Qui se lamente à l’excès à cause de son fils et se tient debout sur la terre, extrêmement agitée ?

9. — Pendant dix lunes, tu as été par moi porté dans mon sein comme un diamant. mon fils, je suis ta mère, moi qui gémis, profondément affligée.


Alors le Bôdhisattva la consolant, lui dit : Il ne faut pas craindre ; tu retrouveras ton lils. Je rendrai ton labeur fructueux. Le renoncement d’un Bouddha n’est pas stérile. Je rendrai visible la prédiction d’Asita ; je rendrai visible la prédiction de Dipangkara. La terre pourrait se diviser en cent morceaux, le Mèrou pourrait s’engloutir dans les eaux, la foule des étoiles pourrait tomber à terre, que (resté) le seul homme, je ne mourrais pas ! C’est pourquoi tu ne’ dois pas te livrer à la douleur Le temps n’est pas loin où tu verras l’Intelligence d’un Bouddha !

A mesure qu’elle entendait, Mâyâ Dêvi sentait ses pores frissonner de plaisir. Après avoir couvert le Bôdhisattva de fleurs de Maudàrava et avoir tourné trois fois autour de lui an présentant la droite, elle se retira à sa demeure au son des instruments divins.

Alors, Religieux, il me vint à la pensée : Il y a des Gramanas et des Brahmanes qui croient qu’en prenant peu de nourriture, on est pur. Et je pensai : Moi aussi, il faut que je m’applique à prendre peu de nourriture.