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LALITA VISTARA — INTRODUCTION

dès le début, voir combien la base de discussion entre nous a peu de rapports, quand M. F. cite, contre moi, le Lalita vistara qu’il appelle un texte canonique ! Néanmoins, le passage cité peut se concilier avec le bouddhisme orthodoxe et je suis disposé à l’accepter. Mais quand M. F. dit : « Et comme il faut, pour arriver au Nirvâṇa, se débarrasser de tout composé, la comparaison de la lampe qui s’éteint ne nous montre que la disparition d’un composé et nullement l’annihilation de l’esprit. » il est clair qu’il est sous l’impression de cette idée que l’esprit n’est pas un composé. Je me permets donc de le renvoyer à l’article Sankharo de mon dictionnaire ; il y verra que l’esprit est le plus important des Sankharas (composés), ce qui apportera une réponse complète à son argument. »

Eh bien ! après avoir lu, avec la plus grande attention, l’article Sankharo du dictionnaire Pâli, au lieu d’être convaincu, j’arrive juste à une conclusion contraire à celle qu’attendait E. Childers, tout simplement parce que j’aurais dû dire l’âme[1] au lieu de l’esprit[2]. Voici pourquoi :

« Les traditions bouddhiques du Nord et du Sud s’accordent pour nous dire que le Bouddha et, après lui, les bouddhistes de tous les temps, ont tenu pour certain que les âmes n’ont pas eu de commencement[3].

« Il s’en suit que les âmes n’étant le produit d’aucune cause ne font pas partie des composés, puisque, c’est Childers lui-même qui le dit. (p. 453, col. 2, de son dictionnaire) : les composés sont tout ce qui est le produit d’une cause.

  1. Dans son dictionnaire Pâli, au mot Attâ, Childers explique ce mot par : Self, body, person, individuality « soi, le corps, la personne, l’individualité. »
  2. Ibid. au mot Mano : The mind, the intellect, the thoughts, the heart « l’esprit, l’intellect, les pensées, le cœur. »
  3. Ibid., p. 31, col. 1, les mots Anamatagge sañsare sont expliqués : « Dans les existences sans nombre qui n’ont pas eu de commencement », suivant Rogers, et, suivant Turnour : « Sans commencement et sans fin. »