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xv
LALITA VISTARA — INTRODUCTION

telle est la vraie doctrine de Çâkya, il est permis de croire qu’elle devait avoir peu de succès auprès du vulgaire qui n’a jamais eu beaucoup de goût pour les abstractions, et qui, sans nul doute, préférait le système généralement adopté, si, toutefois, on daignait lui faire connaître l’autre.

Ici, il est nécessaire de citer les lignes suivantes empruntées à M. Rhys Davids[1] :

« On n’a jamais trouvé nulle part, dans les Pitakas Pâlis, aucune mention, ou même une référence à la transmigration des âmes[2] qu’on suppose communément être une partie fondamentale du Bouddhisme. En conséquence, je n’hésite nullement à soutenir que Gôtama n’enseigna pas la transmigration des âmes. Ce qu’il enseigna serait bien mieux exprimé sommairement, si nous voulions conserver le mot transmigration par transmigration d’un caractère. Mais il serait plus juste de supprimer complètement le mot transmigration quand on parlera du Bouddhisme et de dire que sa doctrine est la doctrine du Karma.

« Gôtama soutenait que, après la mort de tout être humain ou non, rien du tout ne survivait, si ce n’est ce Karma, c’est-à-dire le résultat de ses œuvres en pensée ou en action.

« Chaque individu, humain ou divin a été le dernier héritier et le dernier résultat du Karma d’une longue série d’individus du passé,

  1. Hibbert Lectures, On the origin and growth of religion, etc. p. 91. Et dans : Buddhism, par le même, p. 100 et suiv.V. aussi les Buddhist birth stories, du même auteur, t. I, p. 25.
  2. Comment accorder cette assertion avec ce passage du Manual of Buddhism, de Spence Hardy, p. 397 : « Même dans les compositions historiques, dans les narrations, dans la conversation, l’idée commune de la transmigration se présente continuellement. Nous rencontrons d’innombrables passages comme le suivant : « Ces personnages, par le secours de Bouddha, allèrent (après leur mort), dans le monde céleste. » À la fin de l’Apannaka Djâtaka, le Bouddha lui-même dit : « Le marchand peu sage d’autrefois et sa compagnie, ce sont le Dévadatta et ses disciples d’aujourd’hui, et moi, j’étais alors le sage marchand. » La conclusion de tous les Djâtakas est une déclaration semblable.

    Dans le volume que vient de publier M. Rhys Davids : Buddhist birth stories, qui contient la traduction de la première partie du livre des Djâtakas, on voit, en effet, qu’à la fin de chaque récit, le Bouddha fait la même déclaration.

    C’est une manière implicite, sinon explicite de parler de la transmigration.