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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

crainte, sans frayeur, sans terreur, sans faiblesse, sans abattement, sans trouble, sans agitation, sans que la crainte fasse dresser ses cheveux, avec sa main droite qui a, dans la paume, les figures d’une conque, d’un étendard, d’un poisson, d’une coupe, d’un Svastika, d’un crochet de fer et d’un disque, qui a l’intervalle des doigts réuni par une membrane, bien ornée de beaux ongles de la couleur du cuivre rouge, qui est douce, polie, avec la forme gracieuse de la jeunesse ; qui, pendant d’innombrables Kalpas a rassemblé une multitude de racines de vertu, ayant frotté tout son corps, frappa la terre avec mesure, et, en ce moment, prononça cette Gâthâ :

88. Cette terre, résidence de toutes les créatures, est impartiale et égale pour tout ce qui est mobile ou immobile ; elle est garante qu’il n’y a, de ma part, aucun mensonge. Prends-la ici pour mon témoin.

Aussitôt que cette grande terre fut touchée par le Bôdhisattva, elle trembla de six manières : trembla, trembla fortement de tous côtés ; résonna, résonna fortement, résonna fortement de tous côtés. Comme, par exemple, sonne et résonne, un vase d’airain du pays de Magadha frappé avec un bâton, de même, cette grande terre, aussitôt qu’elle eût été frappée par la main du Bôdhisattva, résonna et résonna de nouveau.

Alors, à ce point des trois mille grands milliers de monde, la grande déesse de la terre, nommé Sthâvarâ, entourée d’une suite de cent fois dix millions de déesses de la terre, ayant ébranlé toute la grande terre, puis, non loin du Bôdhisattva, ayant montré la moitié de son corps paré de tous ses ornements, le corps incliné, les mains jointes, parla ainsi au Bôdhisattva : Il en est bien, grand homme, il en est bien comme il a été déclaré par toi ! Nous voici apparues pour l’attester. De plus, Bhagavat, toi-même es devenu le témoin suprême du monde qui comprend aussi les dieux.

La grande déesse de la terre, ayant, par ces paroles, complètement déjoué les divers artifices du démon, après avoir honoré et loué le Bôdhisattva et montré de plusieurs manières sa propre puissance, disparut en ce lieu même avec sa suite.

89. Après avoir entendu cette voix de la terre, le trompeur et son armée épouvantés et le cœur brisé se mirent à fuir. Tous, comme les chacals dans les bois, après avoir entendu le rugissement du lion, comme les corneilles à la chute d’une motte de terre, furent soudain dispersés.