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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XXIV

Et, en ce moment, Religieux, le Tathâgata prononça solennellement ce discours joyeux :

80. Douce est la solitude pour celui qui est satisfait, qui a entendu la loi, qui est voyant ; la mansuétude est douce dans le monde, ainsi que la bienveillance pour les créatures vivantes !

81. Douce est l’absence de passions dans le monde, ainsi que la victoire sur les péchés ; ici-bas, la discipline de l’égoïsme et de l’orgueil, voilà ce qui est la suprême douceur !

Religieux, le Tathâgata vit le monde tout brûlé, tout consumé par la naissance, la vieillesse, les maladies, la mort, la douleur, les lamentations, l’inquiétude et les tribulations. Là, le Tathâgata prononça solennellement ce discours.

82. Ce monde est affligé de tous les côtés par l’ouïe, le toucher, le goût, la vue et l’odorat ; et, quoique effrayé de l’existence, il désire encore l’existence par sa soif de l’existence !

Pendant la septième semaine, le Tathâgata demeura au pied de l’arbre Târàyana.

En ce temps-là, deux frères du pays du nord, marchands habiles et instruits, nommés Trapoucha et Bhallika, ayant acquis de grands biens et emportant diverses espèces de marchandises, allaient du pays du sud vers le pays du nord, accompagnés d’une grande caravane et de cinq cents chariots complètement remplis. Ils avaient deux taureaux excellents, nommés Soudjâta et Kîrti, tous les deux sans crainte des obstacles ; et là où les autres taureaux étaient empêchés, c’est eux qui étaient employés. Là où, en avant, se manifestait de la crainte, tous deux restaient fermes comme attachés à un poteau. Tous deux, ils n’étaient pas menés avec l’aiguillon ; c’était avec une poignée de fleurs de lotus ou avec une guirlande de fleurs de Soumanâ qu’ils étaient menés.

Quand ils furent dans le voisinage de l’arbre Tàrâyana, par l’effet d’un charme prononcé par une déesse qui demeurait dans un bois de Kchîrikas, les chariots, sous cette influence, n’avançaient plus. Les courroies ainsi que toutes les parties des chariots furent disloquées, les roues des chariots s’enfoncèrent en terre jusqu’au moyeu, et, malgré tous les efforts, les char-