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LALITA VISTARA. — CHAPITRE XXV

Religieux, le Tathagâta consentit par son silence, ayant conçu de la miséricorde pour Brahmâ qui porte une crête de cheveux réuni aux dieux et aux hommes et afin de s’occuper des affaires du monde. Alors, le grand Brahmâ qui porte une crête de cheveux ayant connu le consentement du Tathâgata à son silence, après l’avoir couvert de poudres divines de sandal et d’aloès, rempli de la plus grande allégresse, disparut en ce lieu même.

Alors, Religieux, afin de produire le respect du monde pour la lui, et par l’effet de la requête réitérée au Tathâgata du grand Brahmâ qui porte une crête de cheveux, afin de faire croître la racine de la vertu et en considération de la grandeur extrêmement profonde de la loi, tel fut le raisonnement de l’esprit du Tathâgata retiré de nouveau tout seul dans la solitude et plongé dans la contemplation : Profonde, en vérité, est cette loi qui résulte de la qualité de Bouddha ; elle est subtile, parfaite, difficile à comprendre, en dehors du raisonnement, hors du domaine du raisonnement, est faite pour être connue des savants et des sages, est en désaccord avec tous les mondes, difficile à voir, mettant tout reste de côté, apaisant toute idée, coupant court à toute passion, insaisissable par sa qualité d’être le Çoûnya ; détruisant le désir, sans passion, empêchant (la transmigration, c’est le) Nirvana. Si j’enseignais cette loi, les autres ne la comprendraient pas, et ce serait pour moi le suprême préjudice. Il faut donc que je reste ainsi avec peu d’empressement.

Alors Religieux, le grand Brahmâ qui porte une crête de cheveux, ayant, par la puissance du Bouddha, connu que telle était encore l’hésitation de l’esprit du Tathâgata, après s’être approché de l’endroit où était Çakra le maître des dieux, parla ainsi au maître des dieux : Il tant que tu le saches, en vérité, Kâuçika, l’esprit du Tathâgata Arhat Bouddha parfait et accompli, dans son manque d’empressement, incline à ne pas enseigner la loi. Il est perdu, hélas, Kàuçika, ce monde ; il est complètement perdu ! Hélas ! Kâuçika, ce monde sera plongé dans les ténèbres profondes de l’ignorance ; hélas ! il y sera plongé, Kàucika ! puisque, en vérité, l’esprit du Tathâgata Arhat véritablement Bouddha parfait et accompli, dans son peu d’empressement, incline à ne pas enseigner la loi. Pourquoi donc n’allons-nous pas exhorter le Tathâgata Arhat véritablement Bouddha parfait et