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Page:Annales poétiques ou Almanach des muses - Tome 12 - 1779.djvu/165

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SONNET.


Songeant à ton baiſer, bien ſouvent je m’éveille ;
Et reſſentant encor cette douce faveur,
Je juge ce baiſer être de la ſaveur,
De ce qui est produit d’une ſoigneuse abeille.

Mon Dieu, quel paſſe-temps ! mon Dieu, quelle merveille !
Ô combien de plaisir ! Ô combien de douceur
Giſt au friand baiſer qui ſe rend raviſſeur
De mon affection, encor que je ſommeille !

Or’ je jure mon Dieu, or’ qu’eſveillé je ſuis,
Si au gré de mon œil appréhender je puis
Le précieux corail de ta bouche amiable,

Chaqu’ heure mille fois je le rebaiſerai ;
Et en le rebaiſant, à l’inſtant je ferai,
D’un ſonge frauduleux un baiſer véritable.