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prime la vapeur à toutes choses. Des ouvriers anglais fortement nourris, travaillant en 1841 et 1842 pour le compte d’une compagnie anglaise à l’exécution des chemins de fer de Paris au Havre, ont appris alors aux ouvriers français que la production du travail est proportionnelle à la puissance de l’alimentation, et les terrassiers des Flandres, les pionniers d’Auvergne, les travailleurs de tous pays n’ont pu lutter avec eux qu’à la condition de se nourrir et de s’outiller comme eux. Éclairés par l’expérience, ils ont à peu près adopté le régime alimentaire des Anglais ; et, devenus plus tard le noyau de ces immenses phalanges qui ont sillonné la France et l’Europe de chemins de fer, ils ont propagé la pratique des travaux à la lâche et l’habitude d’une alimentation substantielle, qui seule permet de les accomplir rapidement et avec bénéfice. — ’ •,

À la construction des lignes de fer sont venus s’ajouter les immenses travaux publics qui sont encore en pleine activité à Paris et dans la plupart des grandes villes de France. Et le travail s’est accru sans que le nombre des hommes ait augmenté proportionnellement, surtout en France.

Il a bien été enlevé à la terre bon nombre de ses travailleurs ; mais les ouvriers de là terre eux-mêmes, sollicités par les exigences incessantes de la consommation et les progrès de leur art, ont dû, quoique réduits à un nombre moins considérable, suffire à des travaux agricoles progressant sans cesse. Eux aussi n’Ont pu y parvenir qu’à l’aide d’une alimentation plus généreuse.

Ainsi donc, depuis vingt-cinq ans, en France, le travail s’étant imposé aux hommes dans une proportion considérable sans que le nombre des travailleurs ait sensiblement augmenté, il n’a pu se faire qu’au moyen d’une forte alimentation proportionnée à la somme de travail à exécuter. La construction des chemins icle fer s’étant étendue à toute l’Europe, cette situation s’y est généralisée aussi, mais elle ne s’est produite nulle part avec autant d’intensité qu’en France, parla raison que, chez aucun peuple, il n’a été entrepris à la fois une somme de travaux aussi exagérée.

Telles sont quelques-unes des causes de l’accroissement rapide dé la consommation ! de la viande en Europe et particulièrement enFrance. La production de la richesse, la diffusion de l’aisance, l’augmentation des salaires ont favorisé ce mouvement, mais en seconde ligne seulement et dans le passé. Et ce-qui le prouve, c’est que depuis douze ans, au moins, que la France souffre profondément par l’augmentation de l’impôt, par la guerre, par les dépenses improductives, par de fâcheuses spéculations où s’est engloutie son épargne, par la cherté

des subsistances, elle ne diminue pas d’un kilogramme l’importance de sa consommation. Le. travail restant le même, la consommation reste forcément au même niveau ; c’est, ]a dure loi de la nécessité qui le veut. Travail et consommation marchent de pair, ’l’un ne petit être accompli sans l’autre. Ce n’est point un’signe de prospérité. Et cela est si vrai, que le pays manifeste ses souffrances, là où il est libre de le faire, d’une façon saisissante ; il diminue le nombre des naissances, c’est à dire des bouches qui consomment sans que les bras, produisent. La dépopulation en Espagne, l’état stationnaire de la population en France sont, à des, degrés différents, des signes caractéristiques d’altération de la prospérité et de la vitalité chez les deux peuples.. Et si l’on cherchait -bien, peut-être trouverait-on que ces résultats sont dus à des causes qui" se ressemblent et ne diffèrent que par les degrés d’intensité qu’elles ont atteints.

L’élévation croissante du prix de la viande de boucherie est due à ce que la production n’a pas augmenté dans la même proportion, que la con^ sommation. II suffit, pour s’en convaincre, de visiter les marchés pourvoyeurs de Paris et des grandes villes du Nord, de l’Est et du Midi de là France ; on y trouvera à côté des animaux, indigènes, et dans des proportions parfois considérables, des bœufs.allemands, belges, italiens, suisses, algériens, et surtout des moutons et des porcs, en grand nombre, de même provenance. Les documents statistiques réunis en 1867 par l’administration des douanes nous apprennent que cette importation, loin de-diminuer, augr mente tous les ans. En effet, il a été importé et consommé en France ;

En 1865, 50,505. bœufs ; 2,325 taureaux} 65,464 vaches ; 2,092 bouvillons ; 2,537 génisses ; 43,506 veaux. ; 824,337 moutons ; 64,507. . porcs ; 77,356 cochons de lait ; et 2,455,497 kilog. de Viandes, fraîches et salées.

En 1867, 106,135- bœufs ; 1,696 taureaux ; 69,353vaches ; 10,394 bouvillons et génisses. ; 35,715 veaux" ; 1,043,996 moutons ; 107,549 porcs ; 79,140, cochons.de lait g et 5,428 ;500 kilog. de viandes fraîches et salées. L’importation de 1867 représente en argent, d’après l’administration des douanes, une somme de

140,571,733 fr.

.’. Nous avons exporté en 1867, 35,824 bœufs : 11,131 vaches ; 492 taureaux ; 1,059 bouvillons. et génisses ; 9,621 veaux ; 70,536 moutons ;- 49,470 porCs, 23,4SI cochons de lait, et 5,003,146 kilog. de viandes fraîches et salées. Cette exportation représente une somme de 37,490,529 francs, qui, retranchés des 140,571,733 fr. montant, des importations, donnent en résultat le chiffre de 103,081,204 fr., excédant des importations sur les exportations de bestiaux, et de