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S’appuyant toujours sur la liberté, il ne pouvait manquer de défendre, au nom da ce principe, la Pologne et les Maronites du Liban, dont la cause était en même temps celle du catholicisme. Il soutint aussi les Grecs contre, les Turcs, et n’hésita pas, en 1846, à flétrir la conduite de l’Autriche en Gallïcie, dans un discours très-remarque, qui fit le désespoir de Victor Hugo, moins heureux. Le Sonderbund, oujLigue séparatiste, qui alluma en Suisse la guerre civile, trouva aussi un énergique avocat dans le pomte dé Montalembert, uniquement préoccupé dés tendances catholiques de ce parti qui s’était armé en 1847 pour résister à un ordrelde la diète fédérale portant expulsion des jésuites, des libériens, des frères de la doctrine chrétienne, etc. !

La révolution de février 1848 ne surprit pas Monlalembert, car il l’avait prédite vers la fin

", de 1847, dans un discours sur le radicalisme politique, La république ne paraissait pas trop lui déplaire ; il protesta même de son attachement pour cette forme gouvernementale, dans un manifeste très-démocratique, auquel il ne devait pas rester bien longtemps fidèle, et il se fit élire député à l’assemblée constituante par le département du Doubs, où sa famille possédait de grandes propriétés. Libéral modéré au commencement de la session, il se trouva tout naturellement entraîné, versla fin, dans leicamp des autoritaires, et, après avoir volé contre le rétablissement du cautionnement des journaux, il se montra favorable au projet de loi présenté par M.. Dufaure pour restreindre la liberté de la presse. Dans l’affaire de Rome, le catholique devait l’emporter nécessairement en lui, sur le libérai, et il fut le premier à démander l’intervention de la France en faveur du pape-

Deux départements, leDoubset lesCôtes-du-Nord, lui confièrent le mandat représentatif à l’assemblée législative. Il se trouva là face à face avec Victor Hugo, auquel il avait infligé plus d’un échec à la chambre des pairs, et qui lui en gardait rancune. Dévoué, sous la constituante, au parti de l’ordre, l’auteur de Notre-Dame de Paris siégeait, à la législative, parmi les plus fougueux démocrates ; M. de Montalembert en était venu au contraire à déclarer, au sujet de la loi du 31 mai contre le suffrage universel (il était membre de la commission), que le temps était venu de faire « l’expédition de Rome à l’intérieur. » La lutte entre les deux champions s’était engagée à l’occasion du mqtu prqprio de Pie IX, et elle recommençait avec chaque question nouvelle ; elle dura près de trois ans et consacra la grande supériorité de Montalembert comme orateur. Victor Hugo n’entrait en lice qu’avec des discours longuement et péni-

» blement préparés ; son adversaire apportait dans

l’attaque et dans la réplique toute l’ardeur.et toutes les ressources d’une inspiration éloquente.

Après le coup d’état du 2 décembre, M. de Montalembert, qui avait soutenu souvent le président de la république, n’hésita pas à protester contre l’arrestation des représentants du peuple. Il fut néanmoins l’un des membres de la seconde commission consultative. En 1852, le département dû Doubs le renvoya à la chambre, Où il était presque le seul membre de l’opposition ; mais les élections de 1857 ne lui furent pas favorables ; il éclioua contre le candidat du gouvernement et rentra dans la vie privée, aprêsavoir siégé pendant 22 ans, sans interruption, à la chambre des pairs, et aux assemblées électives. Il ne resta pas pourtant inactif., Si la tribune lui manquait, il lui restait sa plume, et il ne cessa- de défendre le catholicisme. Un article qu’il publia le 25 octobre 1858, dans le Cor* respondant, sous ce titre s Un débaf sur l’Inde au parlement anglais, eut un grand succès et le conduisit sur les bancs de la policé correctionnelle, comme prévenu, d’excitation à la haine et au mépris du gouvernement, d’attaques au respect dû aux lois, d’attaque contre la constitution ; contre le principe du suffrage univers sel, etc. Il se vit Condamné à six mois de prison et à 3,000 fr. d’amende ; un décretdô l’empereur lui fit remise de la peiné ; il refusa cette grâce comme prématurée, interjeta appel, vit la sentence confirmée, sauf que les six mois de prison étaient réduits à trois, et accepta un nouveau décret impérial qui lui faisait encore remise de la peine prononcée.

Au congrès Catholique de Malines, où il assista, M. de Montalembert prononça Un discours qui causa parmi les fidèles une vive émotion. C’était un manifeste en faveur du catholicisme libéral et, par conséquent, une attaque violente, quoique indirecte, contre lès ultramontains, dont l’influence est devenue dominante dans le clergé. M, de Montalembert persista depuis lors dans cette attitude. Lorsque Pie IX eut convoqué, en 1868, le concile oecuménique du Vatican, et qu’il devint hors de doute que le saint-siége désirait faire proclamer son infaillibilité, le Correspondant fit une ’Opposition calme, mais opiniâtre, et personne n’ignorait

— la part que prenait M. de Montalembert à la âï*-. rection de cette revue. A là même époque, il approuva dans des lettres reproduites par tous les journaux, et dont nous avons cité quelques passages à l’article CONCILE, Je manifeste dirigé contre les projets de la cour de Rome par les catholiques libéraux deCoblentz et de Cologne. ; Il écrivit encore, après la réunion du concile, et peu*ayant sa mort, une lettre dans laquelle il exprimait formellement les mêmes sentiments.

M, dé Montalembert était alors retenu depuis