Page:Annuaire encyclopédique, IX.djvu/608

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

(1207) POLE (1208)

Mais, un fait hors de doute, c’est que les def- I niôres explorations n’ont ajouté que fortppu de choses aux renseignements déjà connus. La question demeuré toujours la même : Y à-t-il, oui ou non, une mer libre, une sorte de | Caspienne navigable dans les régions les plus boréales. Le problème à résoudre ne sort donc pas du cadre exclusivement scientifique. Les j utopistes seuls pourront fêvef un futur Eldorado perdu au milieu des glaces polaires. Jamais, au grand jamais, une exploitation quelconque ne : sera possible dans ces parages désolés. Est-ce à dire qu’il faille condamner les voyages dans le nord ? Non, certes, car il appartient à l’homme de faire la conquête de toute la ’terre..’

Pour arriver au pôle, chaque àation semble avoir ses préférences, sa voie de prédilection. Ainsi, Américains et Anglais ont adopté là foute à l’ouest du Groenland • — Allemands et’Suédois, l’espace compris entre le Groenland et là Nouvelle-Zemble. — Quanta M. Gustave Lambert, notre compatriote, il persiste toujours à TOuloir entreprendre l’exploration en passant par le détroit de Beering ; mais, en attendant, et avec une persévérance qui l’honore, il va partout rattachant à son œuvre de nouvelles adhésions et combattant pour la cause dujpôle nord en véritable croisé.

Depuis une année, le résumé du bilan des explorations vers le pôle est des plus simples : beaucoup de tentatives, autant d’insuccès ; Résultat définitif : quelques relations utiles à joindre à la bibliothèque déjà riche des voyages arctiques. Comme le disent les Anglais, j l’attraction vefs le pôle a été telle qu’on a pu signaler un moment ’jusqu’à quatre-vingt-treize navires croisant vers l’extrême nord. Les -pays qui viennent sUrtOUt-de prendre part au tournoi sont : l’Allemagne, la Suède, la Russie. L’Angleterre se tient décidément à l’écart, et les États-Unis se recueillent pour entreprendre une de ces expéditions heureuses comme celles des Kane et des Hayes. ■’.

Commençons par l’expédition allemande : la Gerniania, déjà familiarisée avec les mers polaires, grâce à sa campagne de 1868, sous la direction du capitaine Koldewey, quitte, le lô.juin1869, le port de Brème, munie d’instructions détaillées et d’un itinéraire savamment élaboré par le docteur Petermann. Deux grands problèmes doivent être résolus■ : 1° la question polaire ; 2» la découverte ou l’exploration approfondie du Groenland oriental et des pays, îles et côtes en communication avec lui. Le géographe de Gotha invitait également ses compatriotes à reconnaître toute la région depuis le 75e degré de latitude nord jusqu’au voisinage des côtes orientales du Groenland. Fidèle aux instructions qui lui furent remises, la Gerniania se trouvait ; au commencement d’août 1869 ; pa"

73° de latitude nord et 1.6° de longitude occidentale, après, être allée au mois de juillet jusqu’à 75°. Malheureusement, la glace était compacté et trôs-abondanté. L’hivernage menaçait d’être très-rigoureux. Le navireBienenkôrl) (làBuehe), à bord duquel se trouvait M. JJorst, savant distingué, approcha du bâtiment, recueillit des nouvelles des voyageurs, et les a rapportées en Europe. Depuis cette époque, on n’a rien appris sur le sort du navire allemand, qui, cerné par les glaces, attend sans doute le retour de l’été pour continuer son voyage vers le nord.

Un hardi steamer allemand, l’Albert, qui avait plus l’intention dé faire des observations de géographie physique qUe des découvertes, s’est avancé jusqu’à 80° 14’, -.etn’a rebroussé chemin qu’en présence déglaces épaisses infranchissables. Le chef de la petite expédition, le docteur Emile Ressels, a, dans Son journal, précisé nettement, presque heure par heure, les variations thermométriques, et a pu rapporter quelques faits dont certainement la science aura à bénéficier.

Arrivons aux Suédois : l’expédition, à la tête de laquelle se trouvait M. E. de Nordenskiold, sans atteindre le bassin intérieur, point de mire de l’exploration, — a.fait ample moisson de bons renseignements ;.mais : déjà ce voyage appartient àl’année 1868. Au mois de septembre 1868, -la Sophia atteignait 81°-42’ de latitude nord. Est-ce comme l’assureNordenskioldylà latitude extrême à laquelle un navire puisse parvenir ? Peutêtre, à ce propos, ne lira-t-on pas sans intérêt la liste sommaire dés points atteints jusqu’à présent par les voyageurs : En 1766, Tchitchagoff arrive en navire à 80° 37’ ; en 1773, l’expédition de Phipps, à 81° 30’ ; en 1818, Buchan et Franklin touchent 80° 34’ ; en 1827, Parry est parvenu (mais en marchant sur la glaee) à 82° 45’. Depuis, on n’est jamais allé aussi loin, même Kane et Hayes n’ont pas dépassé cette latitude : ainsi là mer libre, ou prétendue libre aurait été rencontrée à une latitude moindre. C’est là un fait hors de douté.

L’opinion d’un homme d’expérience mérite d’être reproduite : Nordenskiold demeure convaincu que l’idée d’une mer libre au pôle est une’hypothèse sans fondement ; il prétend que le seul chemin par lequel en puisse espéref de gagner un jour le pôle est celui qu’ont proposé plusieurs savants anglais : hiverner aux Septîles ou. au Smith-Sound, et ; lp printemps venu, s’avancer vers.le nord sur les traîneaux.

Aucune des expéditions fusses n’avait la prétention de découvrir le pôle nord : ; — elles ont eu pour but de relever les confins les plus septentrionaux de l’empire moscovite, de chercher une voie praticable par le nord. ;, ce qui, franchement, sert plus directement les intérêts d’un pays que des tentatives ; sans doute glorieuses,