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introduction

b. — sur un détail du récit de la « karlamagnus-saga ».

Afin de réunir tout ce qui peut donner lieu à quelques rapprochements avec le récit du poème primitif, tel qu’il est résumé dans la Karlamagnus-Saga, j’appelle ici l’attention sur un récit épique irlandais, forme spéciale d’un conte international[1] dont l’origine première n’est pas encore certaine, bien que, en ce qui concerne le récit irlandais, une dérivation byzantine paraisse très probable. Dans ce récit, qui se trouve dans un manuscrit antérieur à 1150, se lit l’épisode suivant, dont j’emprunte le résumé au professeur R. Thurneysen :

Une reine coupable confesse ses méfaits (des meurtres) à son confesseur ; celui-ci les révèle à son tour au roi, qui ordonne de l’enfermer dans une logette de bois près d’un carrefour. Elle vit là pendant sept ans de ce que des gens charitables lui font passer par les petites fenêtres de la logette. Au bout de sept ans, le roi, apprenant qu’elle vit encore, la fait sortir, et, sur sa demande, fonde pour elle un couvent et une église.

Cela rappelle quelque peu le récit de la Karlamagnus-Saga (p. 108 de l’analyse de G. Paris) : « il [Charlemagne] approuve l’avis de Milon d’enfermer Olive dans une tour de pierre ; pendant sept ans elle y vivra d’un pain grossier et d’une cruche d’eau, et si au bout de ce temps on la trouve encore vivante, c’est signe qu’elle sera innocente et accusée à tort ». — La ressemblance des deux récits est plutôt extérieure que fondamentale ; cependant, il est possible que le récit byzantin ait influencé la chanson de geste[2].

Gédéon Huet.
  1. Voir Reinh. Köhler, Kleine Schriften, II, 393-399.
  2. Ibid., II, 398.