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introduction

Landri se fait fort de prendre la ville, mais Doon repousse cette idée, ne voulant pas dévaster son propre territoire. Avant d’agir, il ira, déguisé, avec Jofroi, parcourir le pays, pour s’assurer de la véritable situation de Malingre et de dame Olive. Doon et Jofroi partent, en effet, déguisés en pèlerins ; ils entrent dans une forêt où Doon, du temps de sa puissance, chassait souvent. À l’issue de la forêt, ils se trouvent dans les terres d’un maire, Bernard, homme et métayer du duc. Bernard a dix fils, dont cinq sont chevaliers, et cinq employés sur les terres de leur père. Malgré ses beaux troupeaux et ses meutes de chiens, le maire n’a pas le cœur joyeux ; il songe à Doon, son seigneur, qui est absent : il en parle à son fils aîné. Survient Doon, déguisé, qui reconnaît Bernard, et il lui demande l’hospitalité pour lui et Jofroi. Admis dans la demeure, il met Bernard à l’épreuve ; il se conduit exprès d’une façon insupportable : il renverse le dîner qu’on lui offre ou le donne à manger aux domestiques, surtout il dit sans cesse du mal de Doon, qu’il traite de couard. Les deux premières fois, le maire, sur les instances de sa femme, maîtrise sa colère ; après la troisième incartade du soi-disant pèlerin, qu’il prend pour un envoyé de Malingre, il le met à la porte avec son compagnon, malgré la nuit et le temps affreux qu’il fait (v. 3059-3391).

Une fois dehors, sous la pluie froide, Jofroi se lamente ; Doon se moque de lui. La femme de Bernard, entendant les plaintes de Jofroi, obtient de son mari qu’on fasse rentrer les deux hommes, et leur ouvre « l’ostel » ; elle fait allumer du feu et leur donne des manteaux. Bernard, toujours en colère, s’avance vers eux, et reconnaît Doon à un signe qu’il a sur la main. Doon renonce alors à feindre. Bernard et sa famille lui font fête ; on lui apprend qu’Olive se trouve à La Roche, d’où elle a chassé Tomile (v. 3392-3479).

Le lendemain matin, Doon et Jofroi revêtent de nou-