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introduction

d’après l’imitation anglaise d’un poème français. Il y a, par conséquent, deux intermédiaires : l’imitateur anglais et le traducteur norvégien ; de là une double cause d’incertitude.

G. Paris, en 1864, fut frappé de la simplicité relative du récit norrois, comparé à F. « L’original du livre islandais », écrit-il, « était évidemment plus simple, plus archaïque et meilleur sous tous les rapports ; il n’avait pas introduit dans son récit ces aventures insipides, dont la scène est en Orient, condition presque indispensable à tous les romans de la décadence au moyen-âge ». — M. Benary pense, au contraire, que la seconde moitié du récit, celle qui contient les aventures personnelles du fils d’Olive, a été modifiée sous l’influence des contes populaires (p. 324-326 du mémoire cité[1]).

Il est évident que la question de la valeur de N est très complexe. Certains détails ont été certainement introduits par le traducteur anglais. Si Gaston Paris avait écrit sur cette question une étude détaillée, au lieu d’une courte notice, il eût été le premier à faire remarquer que « Mimung », nom d’une épée, et « Kleming », nom d’un cheval, n’ont jamais pu se trouver dans une chanson de geste française : ces noms ont été introduits dans le récit par le rédacteur norvégien, ou, plus vraisemblablement, par le traducteur anglais, qui les a empruntés à des traditions germaniques.

Pour la première partie du récit, N a certainement de la valeur pour la reconstruction de la forme primitive de la légende. Seul, il a bien conservé un détail,

  1. M. Benary nomme (p. 316 de son mémoire), parmi les traits folkloriques de N, « un oiseau qui parle ». Mais l’oiseau qui parle ne figure que dans le chant populaire qui, ainsi que nous l’avons vu plus haut, n’a pas de valeur indépendante ; le récit de la Karlamagnus-Saga (p. 68, l. 17 du texte) ne connaît qu’un oiseau qui chante.