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doon de la roche

Orable est une magicienne sympathique, Aglavia une magicienne antipathique : voilà la seule différence. — De même, la prison affreuse, peuplée d’horribles reptiles, où, d’après N, Olive est enfermée, se retrouve dans Bovon de Hantone[1] et dans d’autres chansons de geste[2]. — On pourrait encore faire valoir que, pour une chanson de geste, N a un caractère fort peu guerrier, vu qu’on n’y trouve pas un seul récit de bataille. Mais il en est de même pour d’autres chansons de geste anciennes : il n’y a presque pas d’épisodes guerriers dans l’ancienne chanson de geste d’Ami et Amile publiée par Conrad Hofmann ; il n’y en a pas du tout dans le Pèlerinage de Charlemagne, ni dans le poème de Basin et Charlemagne, que nous connaissons par

    1981. Comp. l’analyse de P. Paris dans Histoire littér. de la France, XXII, 475-477.

  1. Voir v. 945 de l’édit. donnée par Stimming du texte anglo-normand. D’autres exemples sont cités par l’éditeur, p. cxl de l’Introduction ; on pourrait allonger cette liste, citer, par exemple, le Moniage Guillaume, édit. Cloetta, 2e rédaction, v. 3206, 3244 ; dans F même, Audegour est précipitée dans une « chartre », où

    Coleuvres, boterel li manjoent les flans (v. 3985).

  2. En ce qui concerne le rôle de Siliven, nourrice et conseillère du jeune Landri, on peut, à défaut de rapprochements plus directs, rappeler le rôle que des femmes de toute condition jouent dans les chansons de geste : c’est ainsi que, dans Hervi de Metz, v. 1975 et suiv. de l’éd. Stengel, le jeune héros, renié et « forsjuré » par son père, est protégé par sa demi-sœur, une bâtarde, qui a épousé un bourgeois de Metz. Du reste, le rôle que joue Siliven prouve qu’elle n’est pas d’une condition réellement inférieure. D’après les idées du moyen âge, la nourrice d’un enfant de naissance élevée devait être elle-même de bonne naissance ; voir Roman des Sept Sages, éd. Keller, v. 185 et suiv. Le petit Arthur, élevé en secret, est confié à la femme d’un homme qui n’est pas riche, mais dont le fils est plus tard chevalier ; voir Merlin, éd. G. Paris et J. Ulrich, I, 122, 133. Le personnage de la nourrice était certainement dessiné avec plus de soin dans le roman primitif que dans le résumé qui nous est parvenu.