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doon de la roche

entre le roi, perpétuellement représenté comme un être lamentable, et le vassal, perpétuellement glorifié. Ici encore, l’auteur de F reste bien au-dessous de ses modèles.

Nous pouvons encore signaler un épisode qui tient du lieu commun dans une partie antérieure du poème (v. 1713 et suiv.) : c’est celui où les bourgeois de Cologne, après la plainte portée par Gonteaume, se mettent en mouvement contre Tomile et Malingre, qui se sont emparés des « dromadaires » des messagers de l’empereur de Constantinople, auxquels Gonteaume avait accordé l’hospitalité. Il est assez probable[1] que nous sommes ici en présence d’une invention de l’auteur de F. Quel que soit l’auteur de l’épisode, il n’a pas fait preuve d’une bien grande originalité. Nous avons déjà dit plus haut que ce soulèvement des habitants d’une ville contre un chevalier qui, à leurs yeux, s’est mal conduit, est une sorte de lieu commun, qui se trouve dans d’autres chansons de geste et même dans le Conte du Graal de Chrétien de Troyes. — L’évêque guerrier Auberi, oncle d’Olive, nous représente le type ancien du prélat féodal et guerrier ; c’est une copie affadie du Turpin de la Chanson de Roland.

Le classement des versions, tel que nous le proposons, diffère notablement de celui de M. Benary[2] ; cette différence est la conséquence naturelle de nos divergences d’appréciation, surtout en ce qui concerne la valeur de la version N. Notre système a sur celui du savant allemand l’avantage d’une plus grande simplicité ; il suppose moins de versions perdues. La partie

  1. E ne contient rien qui corresponde à tout ce récit de l’envoi des messagers et de leurs aventures ; mais il faut toujours se rappeler que l’auteur de E se permet de grandes libertés avec son original.
  2. Voir le tableau généalogique des versions, p. 328 du mémoire de M. Benary.