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la saga d’élie

l’atteindre ni aux montées ni en plaine ; et il fera bien de ne pas le suivre trop loin, car il ne sait pas à quelle masse d’ennemis il serait obligé d’avoir affaire.

(XV)

Faites paix, maintenant, et écoutez ! Belle histoire à entendre vaut mieux que remplir son ventre ! Cependant on doit boire pendant le récit, mais sans excès. C’est un honneur de raconter une histoire, quand les auditeurs sont attentifs ; mais c’est travail perdu, quand ils refusent d’écouter.

Élie poursuivit Malpriant si longtemps que dans une vallée il l’atteignit presque, et lui cria : « Méchant païen, retourne sur tes pas ! Dieu te maudisse, toi qui si longtemps m’as tenu en haleine ! » Malpriant répondit : « Tu parles comme un fou et comme un méchant[1]. Vois-tu[2], le terrain est si inégal là où nous sommes, qu’on n’y peut faire courir aucun cheval de guerre. Mais plus loin devant nous il y a de belles prairies avec de beaux gazons ; là nous pousserons nos chevaux l’un contre l’autre, et nous verrons qui est le plus fort. Le cheval que je monte est agile et très vite : si je tombe de la selle, tu pourras l’emmener avec toi. » Élie répondit : « Sire Dieu, fais-moi ce don : je désire tant cet excellent cheval d’Aragon[3]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . qu’il le poursuivit pendant cinq étapes. Mais le cheval d’Élie était fatigué, et il[4] s’abattit sous lui sur le sable. Alors il cria au païen avec grande colère : « Malheur à toi, lâche païen ! retourne en arrière ! Dieu te maudisse ! »

(XVI)

Malpriant répondit : « Tu es maintenant trop fou,

  1. C B Tu es un homme très fou et très méchant.
  2. C B D Ne vois-tu pas.
  3. Ici le copiste de A a omis quelques mots qui ne peuvent pas être suppléés d’après les autres mss.
  4. C B D de sorte qu’il.