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la saga d’élie

prêter autant que possible leur assistance pour délivrer son fils Élie, qui est, comme on l’a dit auparavant, dans une si pénible situation. Tous ces hommes le plaignent alors beaucoup et disent que tous ils lui prêteront volontiers assistance, jeunes et vieux, riches et pauvres, ceux qui sont le plus haut placés comme les plus modestes. Le duc équipe alors toute son armée de bons chevaux et d’armes excellentes. On peut entendre le hennissement des chevaux et le cliquetis des armes. Arrivent cinq mille chevaliers, que le roi Louis[1], le fils de l’empereur Charlemagne, lui envoie avec leurs brognes et leurs écus incrustés et leurs destriers magnifiques et pleins d’ardeur. Le duc alors sort de son château avec toute la masse de son armée, en imposant cortège ; ils sont là trente mille chevaliers et une foule de gens de pied. Le duc chevauche avec toute son armée, ne s’arrêtant pas qu’il ne soit arrivé au port où ses vaisseaux flottent déjà bien équipés et suffisamment approvisionnés. Galopin doit indiquer le chemin par où leur flotte se dirigera, si imposante à voir avec ses braves hommes de guerre. Le duc s’embarque alors, et sire Guillaume et toute cette immense armée avec les habillements les plus beaux et les bannières les plus magnifiques, préparées avec grand art. Ils voguent sur mer et cinglent avec un vent favorable ; et ils arrivèrent avec leurs nombreux vaisseaux à Sobrie, un soir, dans un beau port. Ils s’arrêtèrent là et jetèrent l’ancre et prirent des vivres au rivage. Ici le scribe se repose à son aise.

Revenons maintenant à Élie et à Rosamonde, qui étaient dans la plus haute tour de Sobrie, et y ont tenu pendant douze mois de telle sorte que jamais personne n’eut le moyen pendant tout ce temps d’entrer dans leur demeure, comme il a déjà été dit. Le roi Macabré faisait faire bonne garde sur Élie et sur sa fille, et chaque

  1. Mss. Hlödver.