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INTRODUCTION. — CHAPITRE II

avait un chevalier, nommé Macaire [1], qui s’était épris d’amour pour Florence. Comme toutes ses tentatives pour vaincre la résistance de la belle inconnue sont restées vaines, il imagine une vengeance infâme. Un soir, il se cache dans la chambre à coucher de Thierri ; quand tout le monde est endormi, il tue Béatrice d’un coup de couteau et place ensuite le couteau ensanglanté dans la main de Florence, qui dormait toujours [2]. Florence est surprise dans cette position par Thierri et jugée coupable du meurtre. Elle doit être brûlée vive, mais au dernier moment Thierri a pitié d’elle et la laisse s’en aller avec ce qui lui appartenait. (L. CLVI, v. 4411-CLXX) — Au sortir d’une grande forêt, Florence se trouve dans une plaine près de la mer, où l’on est en train de pendre un larron. Prise de compassion, elle rachète le malfaiteur, qui lui promet fidélité. Mais le larron, qui s’appelle Clarembaut [3], est un traître. Il conduit Florence chez un autre bandit, Peraut, et ce n’est que la femme de celui-ci, la bonne Soplise, qui garde Florence d’être complètement dévalisée et peut-être tnée. Mais les deux brigands trouvent un autre moyen de s’enrichir aux dépens de Florence. Comme celle-ci veut aller en Terre-Sainte, elle charge

  1. Sur ce nom de traître, cf. F.-H. von der Hagen, Gesammtabenteuer, t. I (1850), pp. cvii-cviii ; Macaire, éd. F. Guessard (1866), p. 1, note 1 : E. Sauerland, Ganelon etc. (1886), pp. 36-38. Notre texte dit (vers 5898-5899) :

    Thierris en apella son chevalier Makaire ;
    Onques hom n’ot cel non que ne fu de put aire.

  2. Pour un épisode analogue dans le Roman de la Violette par Gerbert de Montreuil, voy. ci-dessous au chap. vi.
  3. Dans Aiol, chanson de geste du commencement du xiiie siècle, « Clarembaut de Valbrune » est le nom d’un brigand (voy. l’éd. de J. Normand et G. Raynaud [1877], vers 6670 et p. 345). Que dans notre chanson le nom ait été choisi exprès pour désigner le caractère du personnage, c’est ce qui ressort des vers 4988-4990 du texte :

     « Amis », ce dist Florence, « comment avez vos non ?
    Clarembaut », dist li leres, « par foi m’apelle l’on.
    Par foi », ce dist Florence, « tu ais non de larron ».