Page:Anonyme - Guillaume de Palerne.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Troyes a écrit son roman de Cliges pour Marie de Champagne, fille de Henri Ier, épouse de Baudouin, comte de Flandres et de Hainaut, et Manessier la suite de Perceval pour Jeanne, comtesse de Flandres et de Hainaut, fille de Baudouin VI ; M. Fr. Michel cite (roman de Ham) un trouvère anonyme du Lyonnais qui dédia son œuvre, incomplète aujourd’hui, à Blanche, fille de Sanche VI d’Espagne, épouse de Thibaut II comte de Champagne ; enfin, ce qui nous touche plus spécialement, l’auteur du roman de Guillaume de Palerme a reçu, de la comtesse Yolande, l’ordre de traduire en français un texte latin, dont les développements constituent son œuvre. Ce thème primitif, que nous ne connaissons pas, n’est sans doute qu’un fragment de chronique italienne, comme celui de Cliges ; mais il sert de canevas au récit des amours de Guillaume et de Melior, qui constituent le nœud du récit, comme va le démontrer une rapide analyse.

Au royaume de Pouille régnait jadis un roi puissant, Ebron ; de son union avec Felise, fille de l’empereur de Grèce, il eut un fils nommé Guillaume. Dès son plus jeune âge, cet enfant fut confié à deux gouvernantes, qui, cédant aux suggestions perfides de son oncle, devaient le faire périr pour assurer le trône à ce parent dénaturé. Un jour l’enfant jouait dans un parc où son père et sa mère s’étaient rendus avec leur cour ; tout à coup un loup-garou s’élance sur lui et, dans sa course rapide, l’emporte malgré les cris et les efforts de ceux qui les poursuivent ; il gagne ainsi le Fare ou détroit de Messine, et le dépose