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PRÉFACE.

Si la littérature française a pu défrayer l’Europe entière au moyen âge, elle le dut à des circonstances particulières qui favorisèrent son développement sur la fin du XIIe siècle, l’une de ses époques les plus brillantes. Aux chansons de geste dont les accents, un peu rudes, avaient pu charmer autrefois les barons dans leurs fêtes ou les animer dans les combats, comme la chanson de Roland, à ces longues et monotones épopées, allaient succéder des compositions écrites dans une langue plus pure, mieux faite pour peindre d’autres mœurs et des sentiments plus doux. En effet, les croisades avaient eu d’autres résultats que la conquête de la Terre-Sainte. Le luxe déployé par les despotes de l’Orient, les richesses des Byzantins, les raffinements de leur civilisation avaient produit une impression profonde sur les croisés ; de leurs expéditions ils avaient rapporté des goûts qui contrastaient avec leurs habitudes antérieures, et une culture intellectuelle en harmonie avec leurs nouveaux besoins. D’autre part, le ton de galanterie exagérée qui régnait à la cour