Page:Anonyme - Huon de Bordeaux, chanson de geste.djvu/107

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Sommaire.

pour nous. » — Huon est assailli de toute part. Après une défense désespérée, son épée lui échappe. Il est renversé ; son cor, son hanap, son armure, lui sont enlevés, et l’amiral consulte ses barons pour savoir de quelle mort il le fera périr. — « Qu’il soit pendu », répondent ils. Mais un des conseillers de Gaudisse lui donne un autre avis : « C’est aujourd’hui, lui dit-il, la saint Jean d’été : tu ne saurais faire justice si tu ne veux manquer à ta loi. Il faut mettre ce jeune homme en prison et l’y tenir pendant une année. L’an prochain, à pareil jour, tu le délivreras et le mettras aux prises en champ clos avec un champion. S’il peut vaincre le champion, tu le laisseras aller en paix ; mais s’il est vaincu, tu le feras pendre et traîner. — Si tel est l’usage de mes ancêtres, répond l’amiral, je n’y veux point manquer. » P. 168-174.

Huon est en prison. Il y est bientôt visité par la belle Esclarmonde, que l’amour ne laisse point en repos. Elle se lève pendant la nuit, allume un cierge, vient à la prison, en dérobe les clefs au chartrier endormi et pénètre jusqu’à Huon. Elle lui avoue son amour et lui offre la liberté s’il veut se rendre à ses désirs. « Vous êtes sarrasine, répond Huon, je ne vous puis aimer, et si vous avez reçu de moi trois baisers, c’est que je l’avais promis à Charlemagne. — Ami, dit-elle, ne changerez vous point de sentiment ? — Non, certes, répond-il. — Hé bien, vous le paierez cher, » dit Esclarmonde ; et aussitôt elle appelle le chartrier et lui ordonne de laisser jeûner le prisonnier pendant trois jours. — Le quatrième jour, Huon se désespère : il maudit Oberon et implore sainte Marie. Esclarmonde a entendu ses plaintes et sa prière ; elle vient auprès de lui et lui offre encore de le délivrer s’il s’engage à l’emmener en France. —