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Préface.

laissait pas cependant de subir son influence et de recourir, dans une certaine mesure, aux mêmes moyens que lui, pour réveiller la curiosité et renouveler l’enthousiasme d’un public un peu blasé par l’histoire rebattue de Charlemagne et des douze pairs.

C’est donc à la fin du XIIe siècle, de 1180 à 1200, dix ans plus tôt dix ans plus tard, si l’on veut, que notre poëme a été composé. Voilà du moins ce qui ressort pour nous de l’étude du récit tel que nous le publions. Pour reculer cette date tant soit peu au-delà de la limite extrême que nous lui assignons, il faudrait admettre l’existence d’un autre récit fort différent, d’une œuvre primitive aujourd’hui perdue, et c’est une supposition que rien ne nous paraît suffisamment autoriser. En quoi nous nous éloignons à regret de l’opinion d’un illustre savant allemand, M. Ferdinand Wolf, qui connaît du poëme de Huon de Bordeaux la version même que nous offrons au public, et qui ne semble pas la considérer comme la plus ancienne[1]. M. Wolf en juge ainsi et suppose une rédaction antérieure d’après quatre fragments d’une traduction ou imitation néerlandaise de Huon de Bordeaux, qui ont été publiés par M. de Wind[2]. Ces fragments en

  1. Voyez le Mémoire de M. Wolf : Uber die beiden wiederaufgefundenen Niederlændischen Volksbücher von der Kœniginn Sibille und von Huon von Bordeaux. (Mémoires de l’Académie Impériale de Vienne, T. VIII. — Tirage à part, Vienne, 1857, p. 21.)
  2. Nieuwe Reeks van Werken van de Maatschappij der Nederlandsche Letterkunde. 4e partie, Leyde, 1847, in-8o, p. 261-304.